Le gouvernement du Sénégal a consenti un budget de 30 milliards FCFA pour la digitalisation de son système de santé, a indiqué mardi à Thiès Dr Ibrahima Khalilou Dia ; affirmant que l’Etat a érigé en priorité la santé digitale à travers le Plan national de développement sanitaire et social (Pndss) 2019-2028.
« Nous avons, avec la banque mondiale, un financement de 30 milliards FCFA pour 5 ans et c’est une dette que l’Etat a contractée auprès de cette institution financière », a-t-il notamment dit.
Dr Dia est coordonnateur de la Cellule de la carte sanitaire et sociale, de la santé digitale et de l’observatoire de santé (Cssdos) et s’exprimait en marge d’un atelier d’information sur la santé digitale à l’intention de l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd).
Au regard du travail titanesque que cela demande, il estime peu suffisant l’enveloppe prévue. « Les postes de santé sont au nombre de 1500, 110 centres de santé et 40 hôpitaux. Vous vous imaginez comment nous pouvons mettre l’internet, des équipements, des tablettes, c’est beaucoup d’argent, c’est pourquoi ce financement n’est que pour un point de départ. Si nous arrivons à bien gérer, nous aurons d’autres financements », a-t-il laissé entendre.
Selon Dr Dia, l’objectif de la cellule est de digitaliser tout le système de santé, c’est-à-dire, qu’un poste de santé soit en mesure de consulter à travers un ordinateur, mettre les informations et que demain si le patient revient, que le soignant puisse retrouver le dossier et le mettre à jour.
La santé digitale renvoie aux solutions numériques. « En télémédecine, nous avons fait beaucoup d’efforts pour construire des postes de santé et des hôpitaux, mais nous savons que nous pouvons faire des gains si nous arrivons à faire de la médecine entre les centres de santé et les hôpitaux. Equiper les centres de santé pour qu’un patient qui doit être évacué puisse, déjà à distance, avoir l’avis d’un médecin qui est à Dakar, on appréciera s’il y’a besoin d’être déplacé ou non », a-t-il expliqué.
Les défis de la digitalisation du système de santé
Toutefois, pour l’atteinte des objectifs de la santé digitale, des défis doivent être surmontés. Et pas des moindres.
D’après le coordonnateur de la Cellule, le Sénégal ne dispose pas encore de texte juridique sur la santé numérique. « Nous venons de finaliser le projet de loi d’orientation sur la santé numérique et le décret d’application. Ces textes ont été transmis la semaine dernière au secrétariat général du gouvernement. Ces textes-là sont très bien élaborés et ils reviennent sur la télémédecine, le dossier patient, l’hébergement et les peines sont prévues en cas de divulgation du secret médical, sans autorisation » a détaillé Dr Dia.
L’autre défi, a-t-il poursuivi, a trait au domaine qui attire les partenaires et à la gouvernance des données personnelles au Sénégal. « Nous sommes ouverts à l’aide l’étrangère, mais il faudrait que celle-ci ne remette pas en question cette exigence de confidentialité des données auxquelles seules les personnes assermentées peuvent avoir accès », a-t-il précisé.
Dr Dia ajoute qu’il y’a d’autres défis comme l’énergie, l’Internet qui nécessitent des moyens colossaux.