La RD Congo perd chaque mois près de 65 millions de dollars américains en rémunérant des fictifs, des doublons et des faux agents dans le fichier de paie des agents et fonctionnaires de l’État. Ce qui ferait près de 800 millions par an. C’est une révélation de la redoutable Inspection générale des finances (IGF) qui a passé 1 an en train d’enquêter sur le 1 462 757 agents et fonctionnaires qui sont pris en charge dans le budget de l’État.
Le quart du fichier est remis en cause et ce n’est que la pointe immergée. Jules Alingete, le chef de l’IGF, organe de contrôle relevant de la Présidence, a annoncé hier sur les antennes de Rfi que les enquêtes vont se poursuivre. Mais les syndicalistes quant à eux émettent des réserves et tentent de relativiser.
Certaines révélations sont troublantes selon l’intersyndicale de l’administration publique. Mais Fidèle Kihangi, son président, demande aux autorités de ne pas agir dans la précipitation en retirant trop vite du fichier de paie les cas d’irrégularités. « Qu’il y ait d’abord un rapport, un rapprochement entre l’IGF et nous, et nous avec les services concernés. L’IGF doit savoir que les fictifs, c’est par exemple les nouvelles unités qui sont payées en primes, mais qui n’ont pas des numéros matricules, l’IGF les considère peut-être comme des fictifs alors que pour nous ce sont des agents qui travaillent régulièrement et qui attendent d’être régularisés en numéro matricule. »
« L’idée de magouille… »
Pour Fidèle Kihangi, les réseaux mafieux opèrent depuis longtemps dans le domaine de la paie. « La faiblesse, je m’en vais trouver d’abord ça dans la faible rémunération que reçoit l’agent de l’État, c’est ce qui crée l’idée de magouille, mais ce que nous ne pouvons pas soutenir. L’autre, ce sont aussi les politiques qui viennent chaque fois quand le gouvernement change : Chacun vient avec un groupe de militants ou de ceux-ci parce que demain, il veut gagner les élections, mais je ne confirme rien »
La liste de 961 agents du service de paie qui, selon le rapport de l’IGF se retrouvent sur les listes de plusieurs ministères, sera transmise aux autorités judiciaires dans les prochaines heures. Certains de ces agents se retrouvent même sur plus de 15 listes.
Un scandale pour l’ONG congolaise ODEP spécialisée dans les finances publiques. Elle appelle à des réformes ainsi qu’à la démission des ministres de la Fonction publique et des Finances.