Après la suppression des subventions sur le carburant et la suspension du gouverneur de la Banque centrale, c’est le chef de la lutte anti-corruption qui vient d’être éjecté par le nouveau président du Nigeria qui multiplie ainsi les actions fortes pour redresser l’économie et asseoir son pouvoir.
« M. Tinubu a ordonné au président de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), Abdulrasheed Bawa (photo), de céder immédiatement la gestion des affaires de l’instance au directeur des opérations, afin de permettre une enquête sur sa conduite pendant son mandat », a fait savoir la présidence, selon les informations de l’Agenceecofin.
« Cette décision fait suite à de lourdes allégations d’abus de pouvoir formulées à l’encontre de M. Bawa », a-t-on ajouté de même source, indiquant que le président de l’EFCC « a été ensuite interrogé dans ce cadre par l’agence de sécurité intérieure ».
La suspension de M. Bawa intervient quelques jours seulement après la révocation et l’arrestation du gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, lui aussi « dans le cadre d’une enquête ».
L’EFCC est chargée de mener des enquêtes sur le blanchiment d’argent, les détournements de fonds et d’autres crimes financiers. Abdulrasheed Bawa a été nommé à la tête de cette instance en février 2021 par l’ex-président, Muhammadu Buhari, qui avait fait de la lutte contre la corruption l’un de ses chevaux de bataille lors de ses campagnes électorales de 2015 et 2019. Mais le classement du Nigeria dans l’indice de perception de la corruption élaboré par l’ONG Transparency International s’est détérioré au cours des huit dernières années.
Elu le 25 février et entré en fonction le 29 mai, M. Tinubu a promis des réformes pour sortir la première puissance économique africaine des difficultés financières. Outre la suppression des subventions sur le carburant, qui obligeaient l’Etat à emprunter massivement pour maintenir les produits énergétiques à des prix artificiellement bas, il a promis d’unifier le taux de change de la monnaie nationale, le naira.