Au Nigeria, l’adoption rapide de nouvelles formes de billets et pièces de banque a accéléré la demande pour le franc CFA, dans les Etats voisins des pays de la Cemac et l’Uemoa. Une situation qui entre dans un cadre hors de la portée des banques centrales de ces sous-régions.
Plusieurs communautés et agents économiques dans 5 Etats du Nigeria ont choisi d’utiliser le franc CFA comme monnaie d’échange dans les transactions commerciales, apprend-on de plusieurs médias locaux, dont The Punch, un des plus importants journaux du pays. Cette évolution des choses serait le fait de la rareté des nairas, avec l’introduction en cours des nouveaux modèles de billets.
Les localités fédérales concernées sont Sokoto, Zamfara et Katsina dans le nord-ouest du pays et frontaliers du Niger, l’Etat de Kwara qui a une frontière avec le Bénin et celui de l’Adamawa à l’est qui a une frontière avec le Cameroun. L’utilisation des CFA dans ces Etats était déjà une réalité, en raison d’importantes interactions commerciales avec des pays de l’Uemoa ou du Cameroun en zone Cemac.
Mais la demande pour la monnaie des pays francophones s’est accélérée avec la fixation d’un délai court, pour échanger les anciens billets de nairas contre les nouveaux. Selon le témoignage d’un éleveur, dont les propos ont été rapportés par The Punch, les marchands n’acceptent désormais que les nouveaux nairas pour ne pas perdre leur fortune. Mais comme ces derniers ne sont pas facilement disponibles, le franc CFA devient la monnaie refuge.
La demande potentielle du franc CFA qui découle de cette situation n’est pas facile à estimer, car les transactions et les échanges se déroulent souvent dans des cadres informels. Mais si le défi de disponibilité des nouveaux billets nigérians n’est pas résolu, cela risquerait de provoquer des distorsions dans la politique monétaire de la BCEAO et de la BEAC, qui repose sur des agrégats économiques des pays sous leurs supervisions respectives.
L’utilisation du CFA par des agents économiques nigérians n’est pas seulement le fait de l’indisponibilité des nouveaux nairas. La monnaie de la première économie d’Afrique en termes de Produit intérieur brut a perdu de la valeur sur le marché de change parallèle qui alimente une majorité des opérations de change, poussant les commerçants frontaliers à demander plus de CFA, monnaie qui jouit d’une relative stabilité.
Rappelons que le CFA n’est pas la seule monnaie refuge pour les Nigérians. Bien qu’ayant perdu de sa valeur au cours de l’année 2022, le Bitcoin est particulièrement demandé dans le pays et sa valeur y dépasse celle qui prévaut sur les autres marchés.
(Avec agence écofin)