Une balade dans un parc. C’est l’expression consacrée aux États-Unis pour dire que tout s’est bien passé ! L’amerrissage a eu lieu au large de l’île mexicaine de Guadalupe, dans l’océan Pacifique, à 17h40 TU. La capsule, qui ne comportait pas d’astronaute à bord pour ce vol test, est entrée dans l’atmosphère terrestre à une vitesse de 40 000 km/h, et a dû supporter une chaleur de 2 800°C, soit la moitié de la température de la surface du Soleil.
L’objectif principal de la mission était de tester dans ces conditions le bouclier thermique de la capsule, le plus grand jamais construit avec son diamètre de 5 mètres. Le vaisseau a d’abord été freiné dans sa vertigineuse descente par l’atmosphère, puis par une série de pas moins de onze parachutes, jusqu’à atteindre une vitesse d’environ 30 km/h au moment de toucher l’eau.
Un navire de la marine américaine, l’USS Portland, avait été pré-positionné pour les opérations de récupération, auxquelles la Nasa s’entraîne depuis des années. Des hélicoptères et des bateaux pneumatiques ont également été déployés. Orion doit être laissée deux heures dans l’eau, soit bien plus que si des astronautes étaient à bord, afin de collecter des données – notamment sur la chaleur induite à l’intérieur de la capsule.
Des plongeurs doivent ensuite y attacher des câbles afin de la remorquer jusqu’à l’intérieur du navire, dont l’arrière sera en partie immergé. L’eau doit ensuite être pompée, permettant que la capsule soit lentement déposée sur un support prévu à cet effet. Durée des opérations : entre quatre et six heures à partir du moment de l’amerrissage. Puis l’USS Portland doit prendre la route de San Diego, sur la côte ouest américaine, où la capsule doit être débarquée. Ce n’est qu’alors que la mission Artémis 1 sera considérée comme un succès total.
2,2 millions de kilomètres parcourus
Le succès de cette mission est crucial pour la Nasa, qui a investi des dizaines de milliards de dollars dans le programme américain de retour sur la Lune, Artémis. Après avoir ramené des humains sur la surface lunaire, son but est de préparer un futur voyage vers Mars.
En 2014, un premier test de la capsule avait été réalisé, mais elle n’avait alors pas quitté l’orbite terrestre, et était donc rentrée moins vite dans l’atmosphère (environ 32 000 km/h). Au total, le vaisseau a cette fois parcouru plus de 2,2 millions de kilomètres dans l’espace, depuis son décollage le 16 novembre lors du baptême de l’air de la nouvelle méga-fusée de la Nasa, SLS. Orion a survolé la Lune à seulement quelque 130 kilomètres de sa surface, et s’est aventuré jusqu’à plus de 430 000 km de notre planète, soit plus loin que tout vaisseau habitable auparavant.
La prochaine étape pour le programme Artémis est prévue pour 2024. Il s’agira de la même mission, mais avec des astronautes à bord cette fois. Et en 2025, ce sera le tant attendu alunissage, 56 ans après Neil Armstrong. Seuls douze hommes, tous blancs, ont posé le pied sur la surface lunaire grâce aux missions Apollo – pour la dernière fois en 1972, il y a 50 ans. Le programme Artémis doit cette fois y envoyer la première femme et la première personne de couleur.
Le but de la Nasa est d’établir une présence humaine durable sur la Lune, grâce à une base à sa surface et une station spatiale en orbite autour d’elle. Apprendre à vivre sur la Lune doit permettre de tester toutes les technologies nécessaires à un voyage de plusieurs années vers Mars, peut-être à la fin des années 2030.
Avec rfi.fr