Le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, a plaidé jeudi pour la révision des conditions de financement des infrastructures qui restent sous-financées en volume et mal financées en termes de taux d’intérêt et de délais de remboursement.
S’exprimant à l’ouverture du deuxième Sommet sur le financement des infrastructures en Afrique au Centre international Abdou Diouf de Diamniadio, il a cité le dernier rapport du Consortium pour les infrastructures en Afrique, publié au mois de décembre 2022. Il a relevé que le financement des infrastructures en Afrique s’élève à 81 milliards en 2021 contre 100 milliards de dollars en 2018.
Sall a indiqué que ce ‘’recul’’ peut se comprendre certes par la pandémie de Covid-19, mais ‘’même sans ces difficultés conjoncturelles, l’Afrique a toujours payé très cher ses projets à cause des taux d’intérêt élevés’’.
Le consortium rassemble autour de la Banque africaine de développement les principaux partenaires bilatéraux et les banques de développement actives sur le continent.
‘’Il nous faut engager de sérieuses discussions avec nos partenaires en outre pour des financements aussi lourds et des infrastructures de longue durée comme les chemins de fer, nos pays sont souvent tenus de rembourser leurs dettes dans des délais très courts. C’est le paradoxe à quelques exceptions près’’, a notamment dit le président de la République.
Pour lui, ‘’la problématique du financement restera entière tant que perdurent les règles et pratiques de la gouvernance économique et financière mondiale actuelle qui entrave l’accès des pays africains à des ressources conséquentes à des conditions soutenables’’. Il a évoqué, entre autres, les ‘’notations abusives de certaines agences d’évaluation et surtout à la perception du risque d’investissement en Afrique, toujours plus élevé que le risque réel’’.
‘’Nous payons très cher ces assurances’’, a-t-il dit, donnant comme exemple les financements à l’export avec des taux qui apparaissent faibles (2%) mais où il faudra ajouter les 12% d’assurance. Il a ajouté : ‘’C’est la réalité au quotidien que les pays subissent et il est extrêmement difficile dans ces conditions d’assurer le financement d’une infrastructure durable.’’
Macky Sall a souligné que ‘’tout le long’’ de son mandat à la tête de l’UA, il a ‘’constamment posé’’ le débat à l’OCDE au G7, AU G20 et aux Nations Unies sur les conditions de financement de nos économies en particulier sur ce qui concerne les infrastructures.
Il a dit compter sur le leadership du président du Rwanda, Paul Kagamé, président du Comité d’orientation du NEPAD, du président la Commission de l’Union Africaine et sur tous les leaders africains pour continuer à porter ce plaidoyer dans le cadre des échanges sur la réforme de l’architecture financière mondiale.
Il s’agit également pour les dirigeants africains de relever le défi de la planification et de l’ingénierie technique et financière des projets pour les rendre bancable.
Selon le président Macky Sall, 61% des 69 projets du deuxième plan d’actions du PIDA n’ont pas encore fait l’objet d’études de faisabilité pour être susceptibles d’attirer des investisseurs privés.
D’où la ‘’nécessité d’une synergie entre les banques multilatérales de développement, les partenaires techniques et financiers et le Fonds de préparation de AUDA-NEPAD pour améliorer les études de faisabilité et des projets prioritaires”.
Le président en exercice de l’UA a également appelé ses pairs à ‘’apprendre des uns et des autres en échangeant davantage sur nos expériences respectives en matière de préparation et d’exécution et d’exploitation des projets’’.
(Avec APS)