« La mission est perdue », a déclaré le président d’Arianespace, Stéphane Israël, depuis le centre spatial de Kourou en Guyane française. Dix minutes après le décollage, à 22h47 heure locale (02h47 heure de Paris), la trajectoire du lanceur a dévié de celle programmée, puis les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du centre spatial guyanais.
« Environ 2 minutes et 27 secondes après le décollage, une anomalie s’est produite sur le Zefiro 40 », le deuxième étage du lanceur, « mettant ainsi fin à la mission Vega-C », a précisé Arianespace dans un bref communiqué. « Des analyses de données sont en cours pour déterminer les raisons de cet échec », a ajouté Arianespace. Arianespace a constaté qu’il n’y avait pas de retombées de débris après le décollage.
Vega-C, l’on présente comme la petite sœur de la future Ariane 6, devait placer en orbite deux satellites d’observation de la Terre construits par Airbus, Pléiades Neo 5 et 6, les deux derniers de la constellation Pléiades Neo devant permettre d’imager n’importe quel point du globe plusieurs fois par jour avec une résolution de 30 centimètres.
Le dernier lancement de l’année pour le port spatial de l’Europe
Il s’agissait du premier vol commercial de la fusée après son lancement inaugural le 13 juillet couronné de succès. Programmé initialement le 24 novembre, ce vol avait été repoussé d’un mois en raison d’un élément lanceur défectueux. « On a dû changer un équipement lié à la coiffe », a précisé à l’AFP Stéphane Israël.
Ce lancement est le cinquième et dernier de l’année 2022 pour le port spatial de l’Europe à Kourou. Vega-C – C pour « consolidation » selon son maître d’œuvre industriel, l’Italien Avio – est une version améliorée du lanceur léger Vega, tiré à vingt reprises – avec deux échecs – depuis 2012.
Vega-C, un coût de fabrication élevé pour un marché mondial en pleine expansion
De production italienne, Vega-C a été dotée d’un propulseur spécial. À lui seul, ce nouveau propulseur à poudre a coûté 720 millions d’euros. L’Agence européenne y a ajouté 215 millions d’euros pour la modernisation de Vega. Un coût élevé, mais censé permettre à l’Europe d’être plus compétitive dans un marché mondial des satellites en pleine expansion. Mais depuis deux ans, les problèmes s’accumulent. D’abord, le vol inaugural d’Ariane 6. Reporté à fin 2023. Puis, la guerre en Ukraine qui a mis fin à la coopération avec la Russie pour ce qui est des tirs des fusées Soyouz depuis le centre spatial guyanais.
De sérieux revers qui vont pousser encore plus l’Agence à se tourner vers son grand concurrent, l’Américain SpaceX. Deux sondes européennes devraient prochainement être lancées par la fusée Falcon 9, conçue par la société d’Elon Musk. Les factures risquent de s’envoler.
Avec rfi