Au Sénégal, Mouhamadou Kebe a créé il y a un an une plateforme pour aider 80 000 agriculteurs à mieux planifier et limiter leurs dépenses en eau et en engrais. Sa start-up Tolbi collecte tout un tas de données météo grâce aux images satellites et à l’intelligence artificielle. Avec des résultats spectaculaires…
« Il faut que les agriculteurs puissent se doter de plateformes, pour qu’ils puissent savoir qu’aujourd’hui, je dois mettre plus d’eau parce que d’ici à une semaine, il ne va pas pleuvoir. Et après-demain, il va pleuvoir donc je dois diminuer mes intrants, fertilisation et irrigation. Donc l’impact que l’on a sur le terrain par rapport aux agriculteurs, ce sont des réductions de l’usage de l’eau de 50 à 80 %. La baisse des pertes de fertilisants de 30 %. »
Et en arrosant moins les champs, on a aussi de meilleures récoltes. « Si vous ne donnez à la plante que ce qu’elle a besoin en termes de production, en fait, vous avez une hausse de 30 % du rendement. »
Fertiliser les cultures grâce à l’élevage de poissons
Autre idée pour réduire la dépendance aux engrais dont les prix ont explosé : c’est la rizipisciculture. En clair, on utilise les déjections de poissons pour fertiliser les rizières. Valérie Verdier est la présidente de l’Institut de recherche pour le développement qui pilote ce projet dans plusieurs pays.
« Vous avez des bassins qui sont réservés au riz. Et donc, à un moment donné, on ouvre des canaux qui permettent aux poissons d’aller vers la riziculture et qui vont donc amender le sol et contribuer comme cela à améliorer la culture rizicole. À Madagascar, on a des résultats très intéressants de rendements qui ont vu un accroissement de leurs récoltes. Ce sont des fermes où il n’y a plus du tout d’engrais autres que celui qui est fourni naturellement par l’élevage de poissons. »
Réussir à distribuer les projets d’investissement
Les start-up agricoles attirent de plus en plus d’investisseurs, mais ça ne suffira pas à garantir leur succès, prévient Mareme Dieng du fonds d’investissement californien 500 Global.
« Il y a de l’argent pour financer des idées, et pour financer des porteurs de projets. Il y a une grande croissance de capital-risque, surtout en Afrique, c’est vraiment la première étape du problème. Mais si on n’arrive pas à distribuer ces projets, si on n’arrive pas à les conserver, si on n’arrive pas à les vendre… On se retrouvera dans la même situation qu’actuellement qui est un manque de souveraineté alimentaire. »
L’urgence pour cette investisseuse spécialiste de l’Afrique, c’est donc de miser sur les entreprises de logistique, de e-commerce ou encore des systèmes de paiement innovants.
Avec rfi