Il n’est pas candidat à la présidentielle du 24 Mars 2021, mais Ousmane Sonko est sans nul doute l’un des plus grands acteurs de ce scrutin. Une position qu’il s’est forgée au prix de péripéties plus compliquées les unes que les autres. Un symbole de résilience et d’abnégation. L’ŒIL DU CONTINENT vous replonge dans la vie et l’œuvre de l’homme.
Principal opposant au président sénégalais, Macky Sall, Ousmane Sonko est à la tête des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), fondé en janvier 2014. Par la force d’un discours nouveau, d’un courage et d’un altruisme très au-dessus de la moyenne, il a tout de suite réussi à convaincre l’une des franges les plus importantes : La jeunesse. Radié de l’administration sénégalaise précisément de la Direction générale des impôts et domaines où il avait fini de monter le premier syndicat, Ousmane Sonko maintient la cadence et la même détermination en créant son parti le PASTEF. Il faut dire que Sonko s’est très tôt familiarisé avec la scène politique. En 2008, il a par exemple, participé aux assises nationales.
Élu député avec le plus fort reste pour sa première participation, il monte rapidement en puissance. Il arrive troisième à l’élection présidentielle de 2019 avec un score de 15,6%.
Plusieurs affaires judiciaires
Mais ce qui impressionne le plus, même ses plus farouches détracteurs, c’est sans nul doute la résilience du maire de Ziguinchor. Accusé de viols par Adji Sarr, il a été reconnu coupable « de corruption de la jeunesse » en première instance, le 1er juin 2023, et condamné à deux ans de prison ferme et à 600 000 F CFA d’amende par la chambre criminelle du tribunal de Dakar. Retranché dans la ville de Ziguinchor, dont il est le maire, refuse de déférer à la convocation du juge. Pour lui, il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un complot ourdi contre sa personne. Et il a fallu l’intervention du GIGN, non pas pour l’arrêter, mais pour l’amener de force chez lui sous haute surveillance.
Usant de tactiques, de subterfuges, de malices, il parvient à déposer un dossier pour la candidature à la présidentielle. Requête rejetée par le Conseil Constitutionnel.
Là aussi, c’était sans compter avec la ruse de Sonko. Arrêté et placé sous contrôle judiciaire, le leader de Pastef voit sa côte de popularité prendre de l’ampleur. Les manifestations se multiplient entre militants et forces de l’ordre dans plusieurs localités du pays.
Mais déterminé à lui barrer, le parti au pouvoir ne capitule pas. Une autre affaire lui est collée. Sonko est coupable de diffamation, injures et faux. Verdict: Six mois de prison avec sursis pour ces accusations portées par un ministre, puis à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », dans la première affaire le visant. La justice ne le condamne ni pour viol, ni pour menace de mort. Conséquence, Ousmane Sonko n’est plus éligible. Le pays part en vrille.
Plusieurs morts sont enregistrés dans les affrontements dans le pays.
De la ruse
Alors que son parti est dissous, plusieurs militants s’interrogent sur l’avenir dans cette présidentielle. Mais c’était sans compter avec le sens de l’anticipation de Sonko. Jusqu’ici, il refuse publiquement toute idée de plan B, alors qu’en catimini, il avait fini de mûrir une stratégie que personne n’a vu venir. Il propose cinq candidats. Les uns passent par le parrainage des élus, d’autres par le parrainage citoyen. Au final, les cinq sont validés. Alors que tous attendaient son choix final, il leur réserve une nouvelle surprise. Il choisit Bassirou Diomaye Faye, lui aussi en prison, même s’il n’a pas encore été jugé. Une décision que beaucoup jugeaient même suicidaire. Mais la suite aura donné raison. Diomaye passe.
De la hargne à la sagesse
Après plusieurs mois en prison, Sonko sort avec son désormais Plan B. La première sortie est très attendue. Face à la presse, celui qui a toujours juré ne jamais échanger avec Macky Sall reconnaît des démarches, des négociations, même s’il précise « qu’aucun accord n’a été obtenu sur les différents points », sans en dire plus.
Ici, il passe l’éponge sur Macky Sall et s’attaque à Amadou Ba qu’il « qualifie de fonctionnaire milliardaire, pire que Macky Sall ». Sur un autre aspect qui a pendant longtemps marqué son discours guerrier, la reddition des comptes, Ousmane Sonko semble avoir lâché du lest. « Nous n’avons pas le temps de la chasse aux sorcières. Il faut construire le pays », a-t-il dit.
Pour beaucoup, il s’agissait sans nul doute des retombées des conciliabules entre lui et Macky Sall ce qui a d’ailleurs abouti à la loi d’amnistie et donc de leur libération, lui et son lieutenant.
Parcours inspirant
Look fun, carrure imposante, charismatique, Sonko a plusieurs atouts pour charmer la jeunesse. Son parcours aussi inspire le même respect et la même admiration. Né le 15 juillet 1974 à Thiès d’un père casamançais et d’une mère Baol-Baol, Ousmane Sonko a fait une partie de son enfance à Sébikotane. Après y avoir passé quelques années, il retourne dans la région naturelle de la Casamance où il fait sa jeunesse jusqu’en 1993. Le baccalauréat en poche cette année-là, il prend la direction l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Unité de formation et de recherche (UFR) des Sciences juridiques où il se spécialise en droit public.
Il décroche sa maîtrise en 1999, il réussit le concours d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA) section des impôts et domaines. Après seulement deux ans dans l’administration, il a créé le Syndicat autonome des agents des Impôts et Domaines (SAID) avec des avancées significatives pour les employés à tous les niveaux. Inspecteur principal des Impôts et des Domaines, il a aussi été vérificateur fiscal, chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier, auditeur interne à la Direction du Contrôle Interne (DCI) de la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID)…