La capacité de production cumulée de l’ensemble des projets d’usines d’hydrogène propre annoncés en Afrique devrait atteindre 1,5 million de tonnes par an (Mtpa) en 2030, a révélé le Conseil de l’hydrogène (Hydrogen Council) dans un apport publié le 11 mai en collaboration avec le cabinet de conseil McKinsey & Company.
Intitulé « Hydrogen Insights 2023 », le rapport précise que quelques-uns de ces projets devraient entrer en production en 2025, année durant laquelle la capacité cumulée de production d’hydrogène à faible empreinte carbone sur le continent atteindra le seuil de 0,1 million de tonnes par an.
A l’échelle mondiale, la capacité de production de l’ensemble des projets des usines d’hydrogène propre déjà annoncés devrait atteindre 38 millions de tonnes par an en 2030.
Plus 66% de cette capacité concerne l’hydrogène vert (produit par l’électrolyse de l’eau en utilisant une électricité issue exclusivement de sources renouvelables), alors que le reste concerne l’hydrogène dit bas carbone (produit à partir des combustibles fossiles, mais décarboné grâce à des techniques de captage et de stockage de carbone).
L’Europe arrive en tête de liste des régions où les capacités de production sont les plus importantes (13 Mtpa à l’horizon 2030), devant l’Amérique du Nord (9,3 Mtpa), l’Amérique latine (5,2), l’Océanie (4,7), le Moyen-Orient (2), l’Afrique (1,5), la Chine (1,1), le reste de l’Asie (0,8) et la Japon et la Corée du Sud (0,3).
Initiative dirigée par les patrons de plus de 140 entreprises partageant une ambition à long terme pour l’hydrogène afin de favoriser la transition vers une énergie verte, le Conseil de l’hydrogène indique cependant que les capacités de production annoncées au niveau mondial ne représentent qu’environ la moitié des volumes d’hydrogène propre nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030 et atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
Des projets confrontés à plusieurs défis
L’écart entre les capacités de production des projets déjà annoncés et les volumes de production requis dans le cadre d’un scénario de zéro émission nette sera difficile à combler. D’autant plus que les projets de production d’hydrogène vert se heurtent à la lenteur des procédures administratives et à des problèmes d’approvisionnement en équipements comme les électrolyseurs, les panneaux solaires et les turbines éoliennes.
Les projets de production d’hydrogène à faible teneur en carbone sont également confrontés à des défis liés à la disponibilité d’infrastructures à grande échelle pour le captage, le transport et le stockage du carbone ainsi qu’au manque des capitaux et de main-d’œuvre qualifiée.
A l’échelle mondiale, des projets d’une capacité cumulée de 3 millions de tonnes par an seulement ont d’ailleurs dépassé le stade de la décision finale d’investissement (DFI). Ces projets sont principalement situés en Amérique du Nord (environ 70 % en termes de capacité de production), en Asie-Pacifique (15%) et au Moyen-Orient (8 %).
Le rapport souligne d’autre part que 1046 projets d’usines d’hydrogène ont été annoncés dans le monde. Sur ce total, les 795 projets qui devraient entrer en production en 2030 nécessiteront des investissements globaux de 320 milliards de dollars.
Avec 117 milliards de dollars, l’Europe reste le leader incontesté en ce qui concerne les investissements programmés. Viennent ensuite l’Amérique latine (48 milliards), l’Amérique du Nord (46 milliards), l’Océanie (34 milliards), le Moyen-Orient (21 milliards), l’Afrique (19 milliards), la Chine (18 milliards) et le Japon, Corée du Sud et le reste de l’Asie (17 milliards).
Le Conseil de l’hydrogène fait remarquer par ailleurs que la majorité des projets annoncés à travers le monde sont de petite taille. 112 projets à grande échelle (plus de 200 000 tonnes d’hydrogène par an) seulement ont été recensés à l’échelle planétaire. Ces grands projets, qui sont pour la plupart encore au stade des études de faisabilité ou de l’ingénierie et la conception avant-projet (Front-End Engineering and Design, FEED), sont notamment situés dans des régions qui devraient se spécialiser dans l’exportation de l’hydrogène propre et de ses dérivés à l’instar de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Amérique latine.