Les rues du district d’Abidjan auront bientôt des noms. C’est un vaste projet, mené depuis plusieurs années, et notamment financé par la Banque mondiale, qui vise à améliorer l’orientation dans la capitale économique. À terme, 24 000 noms de rues seront attribués. Mais en attendant, le projet d’adressage du district d’Abidjan continue son travail de balisage des rues de la capitale économique, qui compte près de 6 millions d’habitants.
« Là, je vais prendre les points GPS de la porte par rapport à la croix. » Tablette entre les mains, une enquêtrice collecte des indications devant une maison. « C’est pour la précision en fait. Là, je vais prendre la photo rapprochée pour pouvoir bien identifier la maison », ajoute-t-elle.
Toutes les informations ainsi répertoriées sont transmises dans une base de données pour être ensuite vérifiées par des géomaticiens. Une fois validées, un numéro est attribué à chaque construction. Écoles, magasins, ateliers : tout est répertorié, y compris les chantiers visiblement inachevés et envahis par les herbes hautes. Comme l’explique Maxime Tiémélé Kouamé, un autre enquêteur : « On a ce terrain nu. Néanmoins, comme c’est clôturé, on voit l’intérêt à la longue quand le terrain sera bâti. On attribue un numéro à ce terrain. »
Ce projet doit permettre d’attribuer à chacun un numéro d’adresse unique, utile pour les démarches administratives mais aussi pour la vie courante. Gilles Martin, le chef du projet PADA explique : « C’est identifier toutes les voies, de dénommer les voies, donc ça doit être une démarche totalement inclusive, non seulement avec le ministère de la Construction, qui est maitre d’ouvrage, le Bureau national d’Études Techniques et de Développement (BNETD), mais aussi tous les partenaires. Et surtout, à terme, c’est d’avoir une application partagée par le plus grand nombre pour disposer de son adresse. »
« Ça va réduire les risques d’erreur dans les livraisons de colis »
Ce travail d’identification doit encore être mené dans les communes de Bingerville, d’Abobo, de Yopougon et d’Anyama. En parallèle, un collège d’universitaires planche sur près de 14 000 noms de voie qui pourront ensuite être attribuées.
À terme, cette formalisation devrait servir à des organismes de distribution du courrier, mais aussi à toutes les applications de la vie pratique. « Ça va réduire les risques d’erreur dans les livraisons de colis, notamment pour tout ce qui est commandes sur Internet, estime ainsi le professeur Salif Koné, le doyen de l’UFR des sciences économiques et sociales de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Il y a une demande assez grande qui existe, mais les erreurs de distribution, le coût des déplacements pour aller chercher ces colis et également le temps mis font que la demande n’est pas totalement satisfaite et la demande pourrait se développer plus ».
Il poursuit : « C’est bien développé pour un certain nombre de quartiers, mais ça ne l’est pas pour l’ensemble du district d’Abidjan. Une mère au foyer pourrait demander tout simplement qu’on lui livre ses courses en passant tout simplement une commande en ligne. Pour pouvoir livrer ça, il faut que la rue soit bien répertoriée, que la maison soit bien ciblée et qu’on puisse effectivement vous retrouver en temps et vous livrer vos produits. »
(Avec RFI)