Les autorités de la RDC veulent que la CPI ouvre une enquête sur ce qui s’est passé à Kishishe dans l’est du pays, le mardi 29 novembre. Lundi, le gouvernement a avancé un bilan très lourd de 272 morts. Les autorités accusent le M23 de s’en être pris aux habitants. Kinshasa affirme vouloir interpeller la justice internationale.
Rose Mutombo, la ministre congolaise de la Justice, est ce mardi à La Haye où se tient la 21e Assemblée des États parties. Elle s’est exprimée ce matin à la tribune. « Pendant que nous sommes dans cette salle, une partie de l’est du territoire de la République Démocratique du Congo, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu est le théâtre de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre, de crimes de génocide et de crimes d’agression qui occasionnent des milliers des morts, des violences sexuelles, sans compter des déplacements massifs de populations. »
La ministre demande une minute de silence. Assure que les auteurs sont connus : ADF et M23, ce dernier qu’elle qualifie de « supplétifs de l’armée rwandaise »
Tout en saluant l’annonce faite lundi par le procureur de la Cour, Karim Khan, de visiter prochainement certains pays, la RDC, à travers son président Félix Tshisekedi, demande par la voix de la ministre au procureur de commencer sa visite par la République démocratique du Congo. Cette visite lui permettra « de se rendre compte du désastre humain » pour qu’il « n’hésite pas » à se saisir de tous les auteurs et coauteurs, complices de crimes graves. « Par ailleurs, face à l’agression dont mon pays est victime de la part du Rwanda, je suis convaincue qu’il bénéficiera de la même compassion dont témoigne la communauté internationale à l’égard de l’Ukraine », insiste la ministre.
Un bilan encore compliqué à établir
Depuis la réactivation de la rébellion du M23 dans l’est congolais en novembre 2021, la CPI n’a annoncé aucune enquête sur des faits pouvant relever de crimes de guerre ou crimes contre l’humanité. Pour Kishishe, située à moins de 100 km au nord de Goma, les autorités congolaises parlent de « massacre ».
Les ministres Julien Paluku et Patrick Muyaya à Kinshasa évoquent des chiffres encore à recouper, à consolider, d’un recensement communauté par communauté des habitants qui auraient été victimes de rivalités entre groupes armés. Le groupe armé qui contrôle la zone rendant la vérification de ce bilan compliquée.
Un deuil national de trois jours s’est achevé hier lundi. Le ministre Paluku parle d’une guerre avant tout pour l’accès aux ressources minières de la région.
Lundi, Washington a annoncé que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken avait exhorté le président Kagame à cesser tout soutien, exprimant, une « profonde préoccupation sur l’impact des combats sur les civils ». Lundi soir, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta a affirmé que Paul Kagame et Anthony Blinken « avaient eu de bons échanges, mais que des différences demeurent sur la compréhension du problème ». « L’approche erronée […] de la communauté internationale continue d’exacerber le problème », selon le chef de la diplomatie rwandaise.