En Afrique subsaharienne, 80% des déplacements urbains sont assurés par des acteurs informels, de type minibus collectifs ou taxis. C’est ce que révèle une étude commandée par l’UATP (Union africaine des transports publics). Or, face à l’urbanisation croissante, les villes ont besoin de solutions plus efficaces et moins polluantes. « On assiste à une sorte de renaissance des projets ferroviaires en Afrique. Le rail aujourd’hui apparait comme une solution durable », constate le secrétaire général de l’UATP, Yssoufou Cissé.
Et les exemples sont parlants. « Vous avez le Gautrain d’Afrique du Sud qui transporte 55 000 passagers par jour. Le TER de Dakar, avec seulement 36 kilomètres, transporte 115 000 passagers par jour. Vous comprenez donc que le rail pour les grandes agglomérations africaines garantit un transport collectif de masse, efficace en termes de gain de temps, de pollution et de nuisance sonore. Évidemment, la renaissance du rail peut être une solution pour l’Afrique », conclut Yssoufou Cissé.
Le train est l’avenir de l’urbain. Cette conviction est partagée par Alstom, l’un des géants mondiaux du secteur. Mais les systèmes de transport collectifs sont coûteux pour des villes. Et Alstom en est conscient.
« 70 à 80% de nos projets viennent avec des solutions de financement, explique Mama Sougoufara, directeur général d’Alstom pour la région Afrique-Moyen-Orient. C’est un facteur déterminant et comme vous le savez, ce sont des financements qui suivent les règles de l’OCDE, c’est-à-dire avec des remboursements d’une durée assez longue. La construction plus quinze ans. Cela permet donc aux autorités d’avoir des solutions en cohérence avec leur économie. »
Malgré tout, les métros, les trains urbains, sont des investissements lourds et les États africains attendent des industriels qu’ils produisent une partie des équipements en local. Alstom, qui possède six usines sur le continent, Maghreb et Afrique du Sud entend accroître son contenu local.
« Aujourd’hui, par exemple, notre usine au Maroc, a livré des câblages pour le Maroc et le train au Sénégal, souligne Mama Sougoufara. Donc vous voyez que déjà, nous avons une amorce concrète et effective de cette chaîne de valeur. Il faudra la renforcer. Bien entendu, nous ne pouvons pas fabriquer dans tous les pays. En revanche, nous sommes conscients que notre contenu local peut se renforcer en Afrique, et que dans le dialogue avec les autorités, nous pouvons trouver des opportunités d’investissement et d’étendre notre présence sur le continent. »
Au final, les investissements dépendront de la taille des marchés. L’Union africaine des transports publics invite donc les États d’Afrique subsaharienne à planifier ensemble leurs besoins et leurs projets pour mieux attirer les industriels.
(Avec RFI.FR)