L’opposant Succès Masra a fui le territoire après le bain de sang du 20 octobre. À la suite des violences qui ont officiellement fait une cinquantaine de morts et près de 300 blessés, le président du parti Les Transformateurs est entré dans la clandestinité, avant de finalement décider de sortir du territoire.
Depuis quelques jours déjà, Succès Masra n’est plus au Tchad. Après la journée sanglante du 20 octobre, la communauté internationale a craint pour sa vie. « Nous avons dit aux autorités qu’il avait droit à un procès équitable, mais que son intégrité physique devait être préservée quoi qu’il arrive. Nous avions aussi peur d’une décision isolée et que quelqu’un l’exécute », confie un diplomate.
Certains ont dit que Succès Masra s’était réfugié à l’ambassade américaine. Ce qu’il avait fait pendant presque une semaine en février 2021, après une manifestation. Mais dimanche, le représentant américain au Tchad, Alexander Mark Laskaris, a fermement démenti. Un observateur ajoute que certains perçoivent Succès Masra « comme le candidat des États-Unis, mais que Washington craignait pour la sécurité de son ambassade et ne souhaitait donc pas qu’il s’y abrite ». Des représentants étrangers auraient néanmoins proposé d’exfiltrer l’opposant, avec l’autorisation du gouvernement tchadien.
Le pouvoir l’aurait laissé passer
Finalement, d’après une bonne source, le chef des Transformateurs aurait choisi de passer au Cameroun voisin, dont la frontière est à cinq minutes de Ndjamena. « Il a traversé par Kousséri [ville camerounaise limitrophe de Ndjamena, NDLR]. Six heures plus tard, il était à Maroua, avant de rejoindre Yaoundé », confie un interlocuteur, sans préciser la destination finale de l’opposant. Le pouvoir tchadien aurait laissé faire. Selon un proche des autorités, « des consignes ont été données aux forces de sécurité pour que rien ne lui arrive. Nous savons par où il est parti et personne ne s’est opposé à sa sortie ».
Avec rfi.fr