Théodore Diouf, artiste sénégalais emblématique de la première génération de l’école de Dakar, est de retour au Sénégal avec une exposition monographique à la OH Gallery de Dakar qui revient sur 50 ans de création.
Des formes géométriques noires, grises et marrons sur un fond blanc représentent « les esprits de la nuit ». Cette tapisserie a été réalisée par les manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès d’après une maquette de Théodore Diouf datant de 1975, souligne la correspondante de Rfi à Dakar, Théa Ollivier
Ailleurs dans la galerie, poursuit notre consœur, sont exposés des monochromes des années 1990-2000 aux côtés de grandes toiles verticales peintes cette année par l’artiste sénégalais de 74 ans. Abdou Diouf, jeune peintre, est fasciné par ces œuvres : « Je connais bien ses œuvres, ce sont des œuvres très importantes. C’est une réelle émotion, vraiment, de retrouver Théodore », exulte-t-il.
La galeriste Océane Harati a cherché pendant 10 ans cette figure emblématique de l’art sénégalais, qui avait disparu. Son objectif est maintenant de le faire connaître aux jeunes générations : « C’est un des grands maîtres. On a un monsieur, qui dans les années 1960, est déjà en train de peindre des noirs et blancs, qui ne sont pas des femmes qui dansent avec le pagne, etc., mais qui sont des formes extrêmement minimalistes et conceptuelles. Et c’est cette spécificité qu’on a essayé de montrer dans l’exposition. Il est à la fois moderne et il est contemporain », explique-t-elle.
L’exposition a été pensée en collaboration avec Coline Desportes, historienne de l’art : « Ce sont des formes épurées, des aplats de couleur, des formes géométriques. Et c’est vraiment cette alliance qui avait été théorisée par Léopold Sédar Senghor entre des thèmes inspirés de la spiritualité locale, de la nature, du monde des esprits. Et puis, un vocabulaire formel qui regarde plus du côté du modernisme », déclare-t-elle pour sa part.
La galerie expose aussi des archives de l’époque comme des articles de presse ou des images de Théodore Diouf aux côtés de Léopold Sédar Senghor. L’ancien président Léopold Sedar Senghor lui avait par exemple commandé plusieurs tapisseries.
Une rencontre a ensuite été organisée au musée des Civilisations noires de Dakar pour qu’il témoigne de son parcours d’artiste des années 1970 jusqu’à son retour aujourd’hui au Sénégal. “Beaucoup de choses peuvent m’inspirer. Par exemple, je peux regarder un arbre, sa morphologie, une plante, un fruit, des fleurs, l’espace, l’asphalte taché sur la rue, des friches industrielles. Tout ça peut m’inspirer et ça me donne une composition d’un tableau ou d’un dessin. Ça m’a provoqué une émotion que je peux peindre en tableau abstrait, en monochrome. Tout ça, c’est moi”, raconte Théodore Diouf.