Le paysage bancaire sénégalais, dans son ensemble, n’accorde que très peu de financements au secteur agricole national. Le diagnostic est fait par le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, jeudi dernière, à l’occasion de la 39ème session du Conseil National du Crédit, la deuxième réunion au titre de l’année 2023.
« L’état des lieux du financement du secteur agricole par le secteur bancaire fait, malheureusement, ressortir pour une population sénégalaise majoritairement rurale, une très faible part de 3,2% dans le total des financements bancaires, contre 10,0% de contribution au Produit Intérieur Brut. Cette situation est principalement due à des facteurs intrinsèquement liés au profil de risque élevé des acteurs et de l’activité », a-t-il fait savoir.
En effet, le Conseil National du Crédit joue un rôle primordial dans le dialogue entre les acteurs économiques, l’Etat et le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO.
Au cours de cette réunion axée sur la mise en œuvre des décisions du Conseil interministériel sur le financement de la campagne agricole, M. Ba a rassuré sur les mesures à prendre afin d’assurer une « implication accrue » du système bancaire dans le financement de l’agriculture en général et des prochaines campagnes de production et de commercialisation agricoles, notamment de l’arachide, du riz, de la noix de cajou, du coton et des cultures vivrières.
« D’ores et déjà, je peux annoncer que le président Macky Sall a demandé au gouvernement de prendre les dispositions appropriées en vue de résorber les retards de paiement au titre des subventions allouées aux producteurs pour l’acquisition d’intrants durant les précédentes campagnes », a indiqué le ministre des Finances et du Budget en présence de son collègue de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye.
Les deux ont d’ailleurs marqué leur engagement à prendre toute autre mesure urgente à l’issue de cette rencontre, relativement aux pré-requis pour faciliter la forte implication du système bancaire dans le financement des campagnes agricoles.
Dans ce cadre, Mamadou Moustapha Ba annonce qu’il s’attellera à réunir rapidement les banques en vue, dit-il, de revivifier l’esprit d’un pool bancaire en appui à La Banque Agricole (LBA) et à la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) pour un financement « à temps et en quantité suffisante » de la campagne de production agricole en préparation ainsi que de la prochaine campagne de commercialisation des produits récoltés. A ce sujet, ajoutera-t-il, la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), les institutions de microfinance ne seront pas en reste.
Le ministre de poursuivre en indiquant que le gouvernement mettra également en œuvre les mesures idoines pour matérialiser les nouveaux modes de mitigation du risque dans le domaine agricole, notamment le Système de Récépissé d’Entrepôt, l’assurance agricole ainsi que la revivification du Fonds de Calamité et du Fonds de Bonification des financements en faveur de l’agriculture. Une implication renforcée du Fongip, aux côtés des banques et des institutions de microfinance, sera également de mise, a assuré Mamadou Moustapha Ba.
Quid des sociétés Sonacos, Sodefitex, Saed et Sodagri ?
Concernant les sociétés nationales telles que la Sonacos, la Sodefitex, la Saed, la Sodagri, souligne le ministre des Finances et du Budget, les mesures idoines seront étudiées en relation avec mon collègue en charge de l’Agriculture en vue de leur conférer plus de solvabilité auprès des banques pour le financement de leurs investissements et de leur exploitation. « En particulier, précise-t-il, nous attacherons une priorité absolue à donner les moyens appropriés à la Sonacos pour la collecte arachidière ».