Sur les marchés internationaux, les prix du baril des diverses catégories de pétrole ont débuté la journée du 5 mai 2023 en très légère hausse, mais on reste encore en dessous des 75$ le baril pour les ressources des trois grands producteurs africains que sont le Nigeria, l’Angola et l’Algérie. Après avoir rebondi début avril 2023, après l’annonce par l’organisation des pays producteurs de pétrole d’une réduction de plus de 1 million de barils de leurs productions journalières.
De nombreux analystes du secteur estiment que les prix ne devraient pas remonter de sitôt. Selon des experts de Standard Chartered Bank cités par la plateforme Open Oïl, la baisse de production des membres de l’OPEP+ permettra juste de réduire les stocks qui ont été provisionnés par différents pays, notamment les Etats-Unis qui sont de gros consommateurs des hydrocarbures.
D’autres analystes suggèrent aussi que le marché du trading pétrolier reste préoccupé par l’état de la reprise dans les principales économies du monde. Aux USA, le rythme de création d’emploi continue d’être lent et pour l’économie cela signifie moins de consommation. En Europe, même si l’inflation recule, la reprise économique reste très lente et plusieurs gouvernements font face à des pressions budgétaires.
Enfin, selon un reportage effectué par Reuters, la décision de limiter la valeur du baril de pétrole russe à 60$ entraine des distorsions sur le marché, car de gros consommateurs comme l’Inde ou encore la Chine sont soupçonnés d’acheter massivement ce pétrole et du coup la part vendue sur les autres marchés reste plus abondante que la demande.
Dans cette logique, on peut s’attendre à des prix du pétrole bas au moins jusqu’au mois de novembre 2023. Même pour Goldman Sachs qui prévoit un rebond des prix du pétrole dans le futur, ses prévisions se limitent à 107$ le Baril, toujours loin derrière le pic de 125$ atteint en juin 2022. La question se pose cependant de savoir si les prix à la pompe reculeront en Afrique.
Rien n’est moins sûr alors que la facture énergétique est en train de réduire considérablement le pouvoir d’achat des revenus dans la région. A Nairobi, au Kenya, des voitures à faible consommation permettent aux ménages de compenser un prix de l’essence qui est de près de 15 $. Mais le prix de ce véhicule qui a explosé est difficilement accessible pour de nouveaux travailleurs. Dans plusieurs pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), les prix de l’essence ont augmenté parfois de 30%. Au Nigeria, on se demande encore s’il faut arrêter de subventionner.
Si l’accalmie de la crise énergétique profite déjà aux marchés américains et européens (pour une moindre part), ce n’est pas le cas pour l’Afrique où les prix s’ajustent beaucoup plus lentement et reviennent difficilement à leurs niveaux d’avant les crises. Dans beaucoup de ces pays pourtant, le prix du litre d’essence ou du gasoil est en moyenne de 1,5$. Un montant qui se rapproche ou dépasse parfois le SMIG horaire.
Une raison à cette situation est que la chaîne des produits pétroliers est assez compartimentée, même si parfois elle est dominée par les mêmes acteurs. Ces derniers profitent ainsi des dynamiques en amont (production) ou en aval (distribution) pour équilibrer leurs performances financières et tenir les promesses faites à leurs investisseurs. Pour le premier trimestre 2023, l’engagement a été tenu pour les groupes majeurs, dont les bénéfices ont atteint des niveaux records pour la période, en partie grâce aux revenus de la distribution aval.