C’est une nouvelle ère pour l’industrie agroalimentaire qui a été annoncée en décembre 2020 depuis Singapour, premier pays au monde à autoriser la commercialisation de la viande cultivée en laboratoire.
La startup américaine Eat Just, détentrice de la licence, pourra ainsi commercialiser des morceaux de poulet (Nuggets) à base de viande de volaille développée in vitro. Un produit carné très spécial qui marquera, selon ses promoteurs, une véritable révolution alimentaire.
Aleph, une startup israélienne, lui a emboîté le pas en signant un contrat avec à l’une des plus grandes sociétés agroalimentaires du Brésil “BRF S.A” pour la production de cette viande dite artificielle, rapporte le 26 janvier 2022 BAB, magazine intelligent de l’agence marocaine de presse.
Quoique qualifiée de “révolutionnaire”, la viande “fabriquée” in vitro repose sur une technique des plus simples, utilisée en bio-ingénierie dès le début du 20ème siècle, à savoir la culture cellulaire.
Le principe consiste en le développement ex nihilo de cellules musculaires dans un environnement similaire à celui du corps de l’animal. Cela permet de produire de la viande parfaitement consommable sans avoir à élever ni à abattre des animaux.
Après un prélèvement par biopsie de cellules souches sur le tissu musculaire de la bête (vache, bœuf, poulet…), on les place dans des cuves riches en nutriments nécessaires à leur croissance. Des cellules de graisse et de tissus conjonctifs sont ensuite ajoutées pour former de la viande.
Résultat: un steak qui reproduit à l’identique le goût, l’odeur et la couleur de la viande réelle.
Selon la startup spécialisée Mosa Meat, plus de 9.000 kg de viande cultivée peuvent être produites à partir d’un petit échantillon du tissu musculaire d’une vache.
Un parcours jalonné de défis techniques
Ceci dit, obtenir une lamelle de viande développée en laboratoire n’est pas une sinécure. C’est, en effet, un parcours jalonné de défis techniques.
Le premier de ces défis se rapporte à la mise à disposition de bioréacteurs, c’est-à-dire des cuves ultrasophistiquées d’une capacité allant jusqu’à 25 mille litres chacune, afin de créer un environnement favorable à la croissance des cellules souches. Chaque cuve produit des quantités pouvant nourrir jusqu’à 10 mille personnes. Imaginez donc combien faut-il de bioréacteurs si jamais la transition de la viande “conventionnelle” à celle artificielle est réalisée!
La deuxième problématique est relative à l’utilisation du sérum de veau fœtal, obtenu à partir du sang du fœtus après l’abattage d’une vache enceinte, pour fournir un milieu de culture optimal. Cette méthode pose problème parce qu’elle nécessite un grand nombre de vaux pour pouvoir passer à une production à grande échelle, en plus des réserves qu’elle susciterait dans les milieux des végans et chez certaines communautés religieuses.
“Propre”, “durable”, “respectueuse des droits des animaux”… Les partisans de cette technologie ne tarissent pas d’éloges à son égard et la présentent même comme la viande de demain.
Du côté des consommateurs, et faisant abstraction des réticences d’ordre religieux ou éthique qui pourraient surgir à l’encontre d’un tel produit, le succès ou non de la viande artificielle est tributaire de trois critères essentiels: l’hygiène, le prix et le goût.