« La vérité est importante. Il y a eu mort d’homme. Chaque camp donne sa version. La population doit savoir », explique Didier Mazenga Mukanzu. Pour le ministre congolais de l’Intégration régionale, un des deux envoyés spéciaux de la CEEAC, « il faut savoir qui a envoyé qui et pour faire quoi ».
D’où l’idée d’une mission d’enquête internationale. Le projet consiste en une mission d’enquête conjointe CEEAC-Union Africaine-ONU. La mission est acceptée, sur le principe, par le Tchad. « La collaboration d’étrangers peut aider. La CEEAC est dans son rôle », confie une source diplomatique tchadienne. Mais les détails sont encore à préciser. « L’idée est validée, mais ces enquêteurs seront-ils indépendants ? Seront-ils intégrés à une équipe tchadienne, c’est à voir », indique un officiel tchadien.
La délégation de la CEEAC n’a pas chômé à Ndjamena depuis le début de sa mission. Elle a rencontré, entre autres, le Premier ministre, le chef de la diplomatie, des diplomates, des religieux. « Il ne faut pas dramatiser. Le Tchad doit aller aux élections. Et nous devons l’accompagner », indique Didier Mazenga Mukanzu, saluant au passage « une volonté d’avancer » démontrée par toutes les parties. Pour l’envoyé spécial de la CEEAC, la mission régionale doit faciliter au maximum les rapprochements.
L’opposant Succès Masra a quitté le pays
La CEEAC est également en contact avec les opposants tchadiens hors du pays. « On va les voir, écouter leurs doléances et transmettre à Ndjamena », confie le facilitateur congolais qui espère, à terme, une réunion avec toutes les parties à Kinshasa.
Selon un proche du gouvernement tchadien, l’opposant Succès Masra a, par exemple, quitté le pays. « Nous savons d’où il est parti. Les forces de sécurité avaient ordre de garantir sa sécurité. Personne ne s’est donc opposé à sa sortie. Il n’est pas prisonnier », confie un proche du pouvoir.
Enfin, la CEEAC a laissé à Ndjamena une petite équipe chargée d’obtenir la liste et la localisation des personnes arrêtées, de demander que les familles soient prévenues, et que les innocents soient libérés.
Côté Ndjamena, l’action de la CEEAC semble plutôt bien vue pour l’instant. « Jusqu’à présent, cette organisation était considérée comme nonchalante, en sommeil. Là, on voit une nouvelle dynamique », indique une source officielle tchadienne. Le Tchad cherche de toute façon à garder le contact avec ses partenaires étrangers malgré le bain d’octobre. « L’image du pays a été écornée. Cette journée a pollué l’atmosphère. Mais la nation ne doit pas s’arrêter, la transition doit rester sur les rails », indique un diplomate tchadien. Une mission gouvernementale doit d’ailleurs se rendre prochainement au Comité de l’ONU contre la torture, pour expliquer la version des autorités sur cette crise.
Avec rfi.fr