C’est un succès pour le Mozambique qui ambitionne de devenir l’un des premiers producteurs de gaz au monde, mais un succès à relativiser, car la province du Cabo Delgado est en proie à une violente insurrection armée, depuis 2017.
Aussi, cette première cargaison de GNL marque-t-elle l’entrée du Mozambique dans le cercle des grands producteurs de gaz ? C’est en tout cas ce que veut croire le président mozambicain, Filipe Nyusi, qui estime qu’aujourd’hui son pays « entre dans les annales du monde ».
Les premières livraisons de GNL sont un succès indéniable, mais à relativiser. Le champ gazier, qu’exploite au large l’italien ENI, est capable de produire jusqu’à trois millions de tonnes de gaz par an. ENI a construit une plateforme en mer qui comprend un puits et une usine de liquéfaction du gaz. Les bateaux accostent donc directement sur la plateforme, sans avoir à rejoindre la terre ferme.
C’est cette position en mer qui permet au projet de fonctionner, car les autres qui comprennent des installations sur la côte sont à l’arrêt en raison des violences qui continuent de secouer la province du Cabo Delgado.
Situation sécuritaire incertaine
Malgré les interventions militaires internationales, depuis septembre 2021 – notamment celles des forces rwandaises et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) – la situation sécuritaire reste incertaine dans la province du Cabo Delgado.
Les forces alliées ont obtenu des succès importants face à l’insurrection jihadiste, en 2021, notamment, mais la situation est loin d’être réglée. Les insurgés se sont dispersés, le front s’est fragmenté et la violence s’est même étendue à une province voisine.
Plus d’un million de personnes ont dû fuir la région du Cabo Delgado et les agences onusiennes évoquent une situation humanitaire de plus en plus dramatique ainsi qu’une violence généralisée.
Dans ces conditions, hormis le projet off-shore d’ENI, les autres projets d’exploitation du gaz, dont celui du français Total Energies, sont gelés, et ce, alors que le pays est potentiellement un producteur majeur de gaz dans le monde.
Le Mozambique a découvert, en 2010, qu’il pouvait rivaliser avec un pays comme le Qatar. 5 000 milliards de mètres cubes de gaz, c’est cinq fois plus que ce qu’ont découvert les Sénégalais au large de leurs côtes et c’est autant que ce que possède le géant gazier nigérian.
Potentiellement, le pays pourrait exporter 60 millions de tonnes de gaz par an et devenir la quatrième ou cinquième puissance gazière au monde, mais on en est encore très loin et, tant que la crise sécuritaire ne sera pas réglée, l’exploitation du gaz restera faible.
Avec rfi.fr