Le défi premier est d’avoir des codes et des stratégies harmonisées mais qui puissent également être arrimés aux stratégies nationales, souligne d’emblée Aïssatou Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des Energies du Sénégal. Car, estime-telle, «nous avons souvent des structures au niveau de l’Uemoa et de le Cedeao qui ne sont pas parfois adaptées à nos lois nationales». Elle assure donc que «des commissions sont en train d’être mises en place pour essayer d’harmoniser tous ces codes et lois». Car, les problèmes sont pareils : les pays africains où
se trouvent les ressources sont généralement des zones pauvres, et l’exploitation des ressources ne profitant pas aux pays.
Selon Ousseini Hadiazatou Yacouba, ministre des Mines du Niger, le développement local constitue un enjeu majeur pour les populations locales impactées par les industries extractives. Prenant l’exemple de son pays, elle s’appuie sur une loi sur l’exploitation minière, les minéraux, métaux et le développement durable, qui «prévoit une obligation de possession de 15% des revenus tirés des industries extractives au budget des collectivités riveraines en vue du financement du développement local». De plus, à travers les projets publics et privés, «il y a une obligation pour toute entreprise qui vient s’associer avec des entreprises locales ou créer une société d’exploitation, un niveau minimum à titre gratuit qui revient à l’Etat, qui à son tour peut collaborer avec les entreprises locales et les sociétés d’exploitation», ajoute-t-elle.
Quant au Mali, rappelant que le pays est historiquement connu pour l’exploitation de l’or sous l’empereur Kanka Moussa au 14e siècle, Lamine Seydou Traoré, ministre malien des Mines, de l’Energie et de l’Eau a souligné que son pays est dans l’exploitation industrielle de l’or, depuis plus de 30 ans. Pour «une production annuelle de près
de 60 tonnes par an et une contribution aux recettes de l’Etat de plus de 400 milliards de Fcfa par an», déclare-t-il. Toutefois, pointe-t-il, une question prépondérante reste le déploiement de stratégies pour que les retombées financières de l’or soient perceptibles par les populations. «Une de nos solutions principales au Mali est qu’il faudrait une mise en œuvre optimale des contenus locaux pour que l’industrie aurifère soit complètement
intégrée dans l’activité économique de nos pays. C’est dans cette perspective que le Mali a adopté la politique minière en novembre 2020 d’un nouveau code minier», affirme le ministre.
Parmi les innovations majeures de ce nouveau code, on peut citer la valorisation du Contenu Local, la mise en place d’un comité de suivi de la mise en œuvre efficiente de la question du Contenu Local, au niveau des industries extractives. L’idée est clairement de faire en sorte que les entreprises nationales et locales puissent mieux se positionner dans la charte de valeurs du processus de production des industries extractives.
À côté de ce secteur formel de l’exploitation aurifère, «nous avons aussi instauré un secteur plus ou moins informel de l’exploitation artisanale, l’orpaillage traditionnel, qui reste tout de même à organiser car, les statistiques de ce secteur échappent aux statistiques nationales», reconnait-il. «Nous nous inspirons du contexte
sous-régional comme avec le projet de code communautaire de l’Uemoa», confie de son côté Aristide Aimé Zongo, représentant du ministre burkinabé de l’Energie, des Mines et des Carrières. Le tout en prenant «en compte le principe de transformation structurelle de l’économie nationale sur la base du budget constitué
par les mines». Car, d’après Ngoné Diop, Directrice du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique de l’Ouest, «les mines sont maintenant au centre de la problématique de développement des pays car, elles créent de la richesse. Mais, malheureusement, on ne le retient pas. Sans compter que 30% des réserves minérales mondiales sont en Afrique».