L’Eacop, pour eux, c’est « non ». Initiative du géant français de l’énergie, Total, le chantier d’oléoduc en Afrique de l’Est est considéré comme un « projet climaticide » par un collectif de 188 scientifiques et experts. Dans une tribune publiée dimanche par Le Monde, ces professionnels expliquent que, comme l’ont indiqué le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et celui de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « plus aucun nouveau projet fossile n’a sa place si l’on veut atteindre zéro émission nette en 2050 et seule une réduction drastique, immédiate et durable des émissions de gaz à effet de serre (entre 40 % à 70 % d’ici à 2050) aboutirait à un ralentissement du réchauffement climatique ».
Eacop de Total émettra « plus de 379 millions de tonnes équivalent CO2 » au cours des 25 prochaines années
Les projets pétroliers et gaziers de TotalEnergies sont, selon eux, en contradiction avec ces objectifs et sont décrits comme des « bombes climatiques ». À travers le monde en 2022, la firme pétrolière est celle qui a approuvé « le plus » de chantiers de ce type. Le collectif estime que son projet Eacop, en Ouganda et en Tanzanie, émettra « plus de 379 millions de tonnes équivalent CO2 » au cours des 25 prochaines années. En outre, l’oléoduc mettra en danger « la biodiversité », particulièrement sensible sur ces territoires. Le projet traverse en effet de parcs naturels. « Son développement a déjà contribué à des violations avérées des droits humains en Ouganda et en Tanzanie », est-il aussi dénoncé.
Les actionnaires sommés de prendre leurs responsabilités
En conséquence, Christophe Cassou, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’anthropologue Philippe Descola, les paléoclimatologues Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte, et une centaine de leurs confrères appellent « les actionnaires de TotalEnergies à voter contre le “say on climate” [une stratégie climat, ndlr] que proposera la firme lors de sa prochaine assemblée générale, le 26 mai, et à exiger de l’entreprise qu’elle abandonne l’Eacop et ses autres projets fossiles ».