Sur le parvis de la Cathédrale Saint-Louis, au cœur de Port-Louis, lieu symbole de nombreuses luttes, Nishal Joyram est à son 17e jour de grève de la faim quand nous le rencontrons. Allongé sous une tente de fortune, l’éducateur est pleinement lucide et articulé malgré ce jeûne de plus en plus pesant. « Je vous parle avec beaucoup de peine, je suis faible, mais j’ai le moral très fort et très (déterminé) », assure-t-il, aux côtés de sa sœur Vishwanee inquiète, et le Dr Vasantrao Gujadhur, en l’occurrence l’ancien directeur de à la Santé.
Le médecin qui assiste bénévolement le gréviste du matin jusqu’au soir le prévient que le risque va grandissant désormais. « Pour moi, la vie, la santé de Nishal Joyram sont primordiaux. Là, il faut décider ce que tu vas faire », insiste le Dr Gujadhur, une figure respectée dans l’île pour sa gestion efficace de la première vague de pandémie du Covid à Maurice en 2019.
Le gréviste est décidé à maintenir son action de protestation silencieuse. Le gréviste estime injuste le prix imposé aux Mauriciens pour l’essence et le diesel à la pompe alors que les cours régressent sur tous les tableaux. « Ce que nous voyons à Maurice n’est pas normal. Sur le plan international, le prix du pétrole a chuté considérablement. Le dollar a chuté par rapport à la roupie mauricienne, le fret a baissé. Tous ses éléments font que le prix devrait baisser », explique le gréviste.
Le prix de l’essence est historiquement haut : 74,10 roupies mauriciennes le litre à la pompe (équivalent 1,6 euro) et celui du diesel est à 54,55 roupies mauriciennes le litre (1,2 euro).
Des taxes pour financer le déficit
La surtaxation des carburants finance le déficit de l’État et l’achat des vaccins anti-covid. Si bien que sur 169 pays, Maurice figure à la 34e place pour la cherté de l’essence, selon le site Global Petrol Price.
Les protestations populaires et l’appel des associations de consommateurs n’ont pas fait céder les autorités.
La grève de la faim de Nishal Joyram est considérée comme le dernier recours. Son action suscite émotion et admiration. Avant son hospitalisation au 22e jour de jeûne, le gréviste avait reçu, deux jours auparavant, la visite du cardinal Maurice Piat en personne.
Avec rfi.fr