Des primes allant jusqu’à 180 millions d’ariarys (40 000€), des achats de 4×4 haut de gamme… Pour la première fois, ces détournements de fonds publics opérés au sein d’une Jirama à l’agonie donnent lieu à une poursuite judiciaire retentissante. Sur les 34 hauts fonctionnaires de la firme qui doivent comparaître devant le pôle anticorruption, trois directeurs ont été placés en détention provisoire. Trois autres, dont l’actuel directeur général et son prédécesseur, sont sous le coup d’un mandat d’arrêt. Et la plupart ont été placés sous contrôle judiciaire avec restrictions de liberté.
Au CCOC, le collectif des citoyens et organisations citoyennes, on suit avec attention les péripéties de l’entreprise publique, sous perfusion depuis 2010. « Nous avons, en effet, régulièrement entendu des faits de détournements de fonds au niveau de la Jirama. Et notamment avec l’implication de hauts responsables », explique Hony Radert, la secrétaire exécutive du collectif. Elle ajoute que ce « grand nettoyage est une bonne chose ».
Mais elle s’interroge sur l’envergure de cette procédure : « Y a-t-il d’autres implications à un plus haut niveau ? On espère qu’on aura un éclairage par rapport à ça ».
Dans son sillage, cette affaire sème la pagaille à la Banque mondiale, gros bailleur impliqué dans le redressement de l’entreprise publique. Avec le projet Pagose, durant la période 2016-2023, elle a offert un prêt de 105 millions de dollars pour renflouer les caisses de la Jirama. Mais l’institution de Bretton Woods clame haut et fort qu’il est impossible, vu les procédures, que les fonds prêtés aient été détournés.
Néanmoins, la gestion de l’entreprise inquiète. Au point d’avoir dépêché la vice-présidente de la Banque pour une petite visite de mise au point. Aujourd’hui, plus que jamais, règne au sein de la Jirama une très grande opacité sur l’utilisation des subventions octroyées par l’État car aucun compte-rendu n’est publié.
Avec rfi.fr