De nombreuses localités situées dans la partie Sud-Est du Sénégal sont classées dans la zone rouge à cause de leurs nombres très élevés de cas de paludisme. Mais la commune de Maka Coulibantang, dans le département de Tambacounda n’en fait pas partie. Cette contrée forte de 106 372 habitants en 2025 répartis entre ses 138 villages, selon Malamine Thiam, Superviseur des soins de santé primaire du district sanitaire de Maka Coulibantang, a la particularité d’avoir obtenu de bons résultats dans la lutte contre cette maladie infectieuse potentiellement mortelle. Les dernières statistiques obtenues malgré la rétention d’informations découlant de la grève des acteurs de la santé, le prouvent nettement. Grâce à ce qu’il est convenu d’appeler les « bonnes pratiques », le district de Maka Coulibantang a su réduire le nombre de cas de paludisme qui est ainsi passé de 219 cas pour mille habitants en 2018 à 64 cas pour mille habitants en 2021. Une prouesse saluée par les acteurs locaux de la santé lors d’une visite de presse, ce jeudi, de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) dans le cadre de son projet « Santé en Lumière », mis en œuvre grâce à l’appui de la fondation Bill et Melinda Gates.
« C’est bien vrai que dans la région de Tamba, la plupart des districts sont au rouge, mais Maka Coulibantang s’en est sorti avec de bonnes pratiques, non seulement au niveau du centre de santé mais également dans le poste de santé de Mboulembou », a déclaré M. Thiam.
Pour cela, différentes stratégies ont été mises en œuvre. « Je peux nommer la Prise en charge à domicile du paludisme (PECADOM) qui est gérée par des acteurs communautaires dans le village où ils sont désignés ». Une stratégie qui, selon lui, consistait tout simplement « à faire de sorte que le relais se déplace chaque semaine dans chaque ménage pour aller dépister les enfants qui sont dans un état fébrile. Et une fois l’enfant dépisté, il est soit traité sur place, soit référé directement au niveau du poste de santé pour une meilleure prise en charge ».
Il y a fait état du PECA-Daara (Prise en charge des cas dans les écoles coraniques et du PECA-Ecole (également dupliquer dans les établissements scolaires en général). « C’est la même stratégie, mais dans ce sens-là, le traitement se fait aux niveaux des Daara et des écoles. Mais, il faut dire que, dans chaque lieu, un acteur a été formé pour prendre en charge correctement les cas de paludisme simple », a expliqué M. Thiam.
De plus, notre interlocuteur a mentionné la mise en œuvre de la Chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) qui est faite chaque année en ciblant les enfants âgés de 3 mois à 10 ans. « C’était une stratégie qui a fait ses preuves, parce qu’on l’a démarré en juillet jusqu’en septembre. Et durant ces mois-là, on a vu vraiment une baisse drastique des cas de paludisme, sur cette cible qui est vraiment vulnérable par rapport aux autres individus de la population ».
A l’en croire, pour surmonter les nombreux cas de réticences à la CPS, le district a dû coupler le dépistage actif du paludisme à la CPS afin de dépister les enfants déclarés malades au moyen du Test de diagnostic rapide du paludisme pour prise en charge immédiate des cas confirmés.
A ces stratégies-là, s’est ajoutée, selon lui, l’Aspersion intra-domiciliaire d’insecticide (AID) qui a été effectuée pendant deux ou trois ans au niveau de notre district. Cette stratégie consiste à pulvériser les chambres éligibles, pour permettre l’élimination de l’anophèle qui sévissait au niveau de Maka Coulibantang et dont les caractéristiques étaient non seulement endogènes, parce qu’ils piquent dans les chambres, mais aussi endophages parce qu’ils se reposent également dans la chambre. « Donc la pulvérisation était une stratégie pour vraiment contrecarrer cette transmission-là », a-t-il indiqué.
Dans cette liste des bonnes pratiques ayant permis au district de Maka Coulibantang de s’offrir une place dans la zone jaune, Malamine Thiam a dénombré le TPI (Traitement préventif intermittent communautaire) dédié aux agents communautaires qui sont également formés, aidés en cela par la cartographie des femmes enceintes qui est élaborée et mise en place par les infirmiers-chefs de poste (ICP).
A l’en croire, toutes ces bonnes pratiques cumulées, avec la distribution des Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA), ont valu à la commune de Maka Coulibantang ses résultats encourageants notés dans la riposte au paludisme.
Malgré les efforts consentis pour faire réduire le paludisme à sa plus petite expression dans cette commune, l’évaluation des performances de l’année 2021 avait révélé une évolution « défavorable » de la plupart des indicateurs clés. Il a été noté, en ce sens, une augmentation de 6,97% des décès liés au paludisme avec 399 morts en 2021 contre 373 en 2020 ; une augmentation de 20,56 % des cas confirmés avec 536 850 malades en 2021 contre 445 313 malades en 2020, soit une augmentation de l’incidence de 26,8 cas pour mille habitants à 31,2 cas pour mille habitants correspondant à une variation de + 17% et enfin une augmentation de la prévalence parasitaire particulièrement dans les régions de Kédougou, Kolda et Tambacounda, a relevé l’enquête transversale dont les données ont été collectées au moyen d’un questionnaire en ligne, auto-administré et anonyme European MSM Internet Survey (EMIS de 2021).
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