Certains manifestants avaient des photos du président russe Vladimir Poutine et des textes lui demandant de venir aider le Congo à « rétablir sa dignité ». Banderole à la main, Cibalonza Luhiriri, la quarantaine, s’est jointe au cortège: « Que les M23 se retirent d’eux-mêmes car même nous, les femmes, sommes prêtes à porter les armes. Je suis prête à porter la tenue militaire et une arme pour libérer notre pays ! ».
Dans un mémorandum lu par son président Adrien Zawadi, la société civile exige la fermeture des frontières de la RDC avec le Rwanda et l’Ouganda. Elle s’oppose également à l’envoi des forces de la communauté d’Afrique de l’Est en RDC, et à toute idée de négociations avec les M23. « Si notre président le fait malgré le désaccord des Congolais, que cela soit considéré comme un acte de haute trahison de sa part. La résistance populaire s’impose », estime-t-elle.
« On ne décidera plus sur le Congo sans nous les Congolais ! »
Aussi, la société civile du Sud-Kivu demande aux Nations unies une position ferme et sans hypocrisie, dit-elle, vis-à-vis du Rwanda et de l’Ouganda. « Nous interpellons les pays qui soutiennent depuis des décennies les attitudes belliqueuses de Kagame et de Museveni : Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et les autres. L’histoire les tiendra pour responsables de tous les crimes imprescriptibles dont sont victimes les Congolais. On ne décidera plus sur le Congo sans nous les Congolais ! », déclare Adrien Zawadi.
Après la remise du mémo au gouvernorat du Sud-Kivu, certains manifestants ont tenté de se diriger vers la frontière de Ruzizi mais ils ont été dispersés par des gaz lacrymogènes lancés par la police. En colère, ils ont arraché le drapeau de l’Union européenne et de la France qui flottaient devant le bâtiment de l’Institut français de Bukavu.
Le M23 prend place autour de Rumangabo, les civils quittent la ville
Par Guillaume Thibault
Conséquence directe de l’avancée du M23, après les FARDC la semaine dernière, la Monusco a annoncé mardi son retrait de la base militaire de Rumangabo. Et le départ des soldats a laissé un grand vide à Rumangabo. Pour les rares habitants restés sur place, le sentiment d’abandon est grand, explique Aimable Gafurura, membre de la société civile, qui a quitté la zone ce mercredi pour des raisons de sécurité : « La population se sent aussi abandonnée par son propre gouvernement. Elle a été étonnée de voir la Monusco partir ».
Des éléments du M23 sont entrés à Rumangabo le week-end dernier, indiquent des habitants restés sur zone. Et immédiatement, ces combattants ont imposé leurs règles, indique Aimable Gafurura : « Quelques fois, il y a aussi des arrestations arbitraires. Dernièrement, ils nous ont même interdit de parler au téléphone. On a mis en garde toute personne de retrouver dans son téléphone un numéro d’un camarade, d’un frère ou d’une sœur ».
En 2012 et 2013, le M23 avait fait du camp militaire de Rumangabo son quartier général. Les habitants ont donc l’impression de repartir dix années en arrière : « Le M23 est présent au camp militaire de Rumangabo. En fait, la situation est sous contrôle du M23, mais la population ne croit pas aux rebelles ». Si elle a quitté la zone de Rumangabo, la Monusco a indiqué « rester mobilisée aux côtés des Forces armés de la RDC pour protéger les civils ».