Le gouvernement du Sénégal n’a pas tardé à réagir suite à la publication officielle ce mercredi du rapport d’audit définitif sur la situation des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024. Un document de 56 pages marqué par une kyrielle d’anomalies, confortant ainsi les accusations de falsification de chiffres sur la dette publique et le déficit budgétaire portées contre le régime sortant de Macky Sall.
En effet, une équipe composée du ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, du ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ousmane Diagne, du ministre porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndiek Sarré, du ministre secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Alamine Lo, a fait face à la presse, cet après-midi.
Pour l’actuel argentier de l’Etat, ce qu’il faut retenir, est que « ce rapport est une photographie fidèle de la situation financière du pays ». « Il confirme et valide les constats établis par l’Inspection générale des finances (IGE) et met en lumière des insuffisances qu’il est désormais impératif de corriger avec rigueur et détermination », soutient Cheikh Diba.
A travers cet exercice, fait-il noter, le Sénégal réaffirme son engagement envers la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques. Selon lui, il s’agit non seulement d’un devoir envers les citoyens mais également d’un pilier de notre démocratie.
Tel qu’il était attendu, dit-il, la Cour des comptes a passé en revue la gestion des finances publiques sur la période 2019-2023 pour mettre en lumière des insuffisances dans les procédures et sur le plan organisationnel afin de procéder à des ajustements sur les statistiques de finances publiques notamment l’encours de la dette et le déficit budgétaire.
Mais au-delà du constat, ajoute le ministre, « ce moment est l’opportunité de bâtir un nouveau modèle de gestion publique ». A l’en croire, le gouvernement s’engage « dès aujourd’hui à mettre en œuvre des réformes structurelles ambitieuses pour garantir la soutenabilité budgétaire et la prospérité de notre nation.
« Le déficit budgétaire moyen annuel de 11, 1% enregistré sur la période 2019-2023 et le niveau d’endettement atteignant 99,67% du Produit intérieur brut (PIB) en décembre 2023 illustrent la gravité des déséquilibres financiers accumulée ces dernières années », trouve-t-il.
Agir vite, avec responsabilité et méthode autour de trois axes
Face à ces défis majeurs, dit-il, le gouvernement n’a qu’une seule voie : « agir vite, avec responsabilité et méthode ». « Je m’approprie, sans réserve, les constats faits et les recommandations formulées par la Cour des comptes. C’est pourquoi, face aux défis relevés, le gouvernement a déjà engagé une réforme en profondeur de la gestion budgétaire et de la dette publique, avec un objectif très clair : Assurer la viabilité des finances publiques, tout en préservant notre souveraineté économique », informe Cheikh Diba.
Selon lui, ces réformes s’articles autour de trois axes majeurs : Il s’agit premièrement, du renforcement du contrôle budgétaire et de la gestion des investissements publics ; deuxièmement, de la modernisation et la digitalisation de la gestion des finances publiques et troisièmement, des réformes structurelles visant à une réorganisation des services impliqués dans la gestion de la dette.
A l’en croire, ces réformes structurelles seront traduites comme suit et mises en œuvre de manière séquencée. « Premièrement, il faudra améliorer la qualité comptable et de l’information financière à travers la mise en place d’un système d’information intégré de gestion des finances publiques, garantissant un meilleur contrôle des dépenses et des finances. Cette modernisation permettra d’améliorer la qualité et la fiabilité des données financières, de faciliter leur accessibilité et d’assurer la sincérité des comptes publics », explique-t-il.
Désignation d’un agent comptable chargé du suivi comptable des projets financés
De plus ajoute le ministre des Finances et du Budget, un contrôle plus strict des projets financés sur ressources extérieures sera de mise avec la désignation d’un agent comptable chargé du suivi comptable des projets financés à cet effet. Et cette mesure vise à assurer un contrôle « rigoureux » et une « meilleure gestion » des engagements financiers du pays. Selon M. Diba, il faudra aussi veiller à la réorganisation du réseau comptable afin d’accélérer la centralisation des données, d’améliorer leur fiabilité et d’optimiser la gestion de la trésorerie de l’Etat. L’intégration de supports indispensables facilitera la fluidité des opérations comptables et garantira une meilleure traçabilité des flux financiers, estime-t-il.
Concernant le deuxième axe qui porte sur la réforme de la gestion de la dette publique, l’argentier de l’Etat informe qu’il s’opérera à travers le retour à l’orthodoxie en matière de gestion de la dette par une centralisation des fonctions de négociation, d’utilisation et de gestion de la dette publique. Cette centralisation, poursuit-il, permettra de surmonter les difficultés liées à la dispersion des compétences dans l’administration de la dette publique. Cette réforme devra garantir une meilleure coordination de l’information financière et une gestion efficiente des ressources publiques. Il passera par la création d’un service unique au sein de l’Etat, compétent pour la gestion des emprunts et des garantis associées ; ce qui assurera ainsi une approche plus transparente et harmonisée de la politique d’endettement, souligne-t-il aussi.
Quant au troisième axe, il porte sur le renforcement de l’efficacité et de la transparence des finances publiques et s’opérera, d’après M. Diba, à travers le renforcement du dispositif de collecte et de fiabilisation des informations sur les finances publiques. L’instauration d’une déclaration de responsabilité personnelle de tous les agents impliqués dans la production de l’information financière.
Le pari de faire mieux
En définitive, le ministre affirme que ce rapport marque « un tournant décisif » en ce sens qu’il ne s’agit pas, à ses yeux, « d’un simple exercice de constatation, mais du début d’une transformation profonde et irréversible de la gouvernance financière au Sénégal ». « Notre responsabilité est de faire mieux pour aujourd’hui et pour les générations futures. Nous devons rétablir la confiance, renforcer la souveraineté financière et garantir une gestion publique exemplaire. Chaque franc dépensé doit désormais être justifié, chaque engagement budgétaire doit être optimisé et chaque réforme doit être appliquée, avec la plus grande rigueur », déclare le ministre des Finances et du Budget.0