L’impressionnante hausse du nombre de sorties sur le continent s’explique essentiellement par la propension des firmes de capital-investissement à donner la priorité aux cessions d’actifs durant les périodes d’incertitudes macroéconomiques, ainsi que par la finalisation de certaines sorties qui avaient été mises en veilleuse au plus fort de la pandémie de Covid-19.
Les acteurs de l’industrie du capital-investissement actifs en Afrique ont réalisé un record de 82 sorties en 2022, selon un rapport publié le 26 avril par l’Association africaine de capital-investissement et du capital-risque (AVCA).
Ce nombre de sorties représente une croissance de 134 % par rapport à l’année précédente (35 sorties) et une augmentation de 96 % par rapport à la moyenne annuelle de la décennie 2012-2021 (41,7 sorties en moyenne par an).
Le rapport parcouru par l’agenceecofin explique la forte hausse des sorties par le climat d’incertitudes macroéconomiques qui a incité les firmes de capital-investissement à donner la priorité aux cessions d’actifs, ainsi que par la réalisation de certaines sorties qui avaient été ajournées au plus fort de la pandémie de Covid-19.
65% des sorties recensées l’an passé ont été d’ailleurs bouclées durant le premier semestre de l’année.
Le rapport révèle d’autre part que les divers fonds de capital-investissement dédiés à l’Afrique ont levé un montant total de 2 milliards de dollars en 2022, ce qui représente une baisse de 54% par rapport à 2021. Sur ce montant, 1,7 milliard de dollars ont été levés dans le cadre de de closings intermédiaires, contre 300 millions de dollars mobilisés dans le cadre de closings finaux.
Ce recul marqué des levées de fonds s’explique essentiellement par le refroidissement du marché du capital-investissement à l’échelle mondiale, dans un contexte d’incertitudes économiques. Plusieurs facteurs, dont l’inflation élevée, la hausse des taux d’intérêt, les incertitudes géopolitiques et les perspectives économiques moroses sur les marchés développés, ont probablement découragé de nombreux investisseurs internationaux de s’engager à long terme dans d’autres régions du monde, y compris l’Afrique.
Les institutions de financement du développement en pole position
Dans cet environnement macroéconomique morose, plusieurs gestionnaires de fonds en 2022 ont aussi choisi de concentrer leurs efforts sur la réalisation de nouvelles transactions et la cession des participations dans les entreprises africaines figurant dans leurs portefeuilles.
Les institutions de financement du développement (IFD), qui sont moins sensibles aux retournements du marché par rapport à d’autres catégories d’investisseurs, ont d’ailleurs apporté 59% du total des fonds levés par les firmes de capital-investissement focalisées sur le continent africain durant l’année écoulée.
Le rapport souligne par ailleurs que les fonds de capital-investissement ont injecté 7,6 milliards de dollars dans des entreprises africaines en 2022, un montant en hausse de 3% comparativement à 2021. L’Afrique est ainsi l’unique région au monde à avoir enregistré une augmentation de la valeur des investissements réalisés par les acteurs du capital-investissement l’an passé, alors que des baisses à deux chiffres ont été enregistrées en Asie (-38%), en Amérique du Nord (-23%) et en Europe (-22%).
Le nombre de transactions enregistrées sur le continent africain durant l’année écoulée a, quant à lui, enregistré une hausse de 46%, pour s’établir à 626 transactions.
La répartition des investissements par sous-région montre que l’Afrique du Nord a attiré 19% du montant total des investissements réalisés sur le continent en 2022, devant l’Afrique de l’Ouest (18%), l’Afrique australe (13%), l’Afrique de l’Est (12%) et l’Afrique centrale (1%), alors que 37% des investissements ont été réalisés dans des entreprises opérant dans plus d’une sous-région du continent.
La ventilation des investissements par secteur révèle, quant à elle, que les plus grands volumes de transactions ont été enregistrés dans les secteurs des services financiers (29%), des biens de consommation discrétionnaires (15%), de l’industrie (14%), des technologies de l’information (12%) et de la santé (8%).