Malgré les promesses d’autosuffisance alimentaire, le Nigeria reste très dépendant des marchés mondiaux pour son approvisionnement. Le pays qui doit élire son nouveau président samedi peine en particulier à limiter ses importations de riz.
Des pyramides de sacs de riz à Abuja pour montrer les progrès de l’agriculture locale. L’événement date d’il y a un an et avait été inauguré par Muhammadu Buhari. Comme tous ses prédécesseurs, le président sortant a fait de l’autosuffisance alimentaire un de ses sujets de prédilection.
Le redressement du secteur agricole est depuis des années un objet de communication. Les programmes se sont multipliés pour soutenir le manioc, le sorgho, le cacao ou encore le coton. Le riz, petit grain stratégique pour le pays, n’a pas fait exception et a bénéficié de toutes les attentions. Sa production est passée de près de trois millions de tonnes en 2011 à plus de 5 millions de tonnes l’année dernière.
Un commerce illégal qui biaise ses bons résultats
Le Nigeria est aujourd’hui le premier producteur de riz africain, et a réussi ces dernières années à limiter ses importations. Elles sont aujourd’hui contenues autour de 2 millions de tonnes. Un chiffre cependant à prendre avec prudence, car ces importations sont issues du commerce illégal, rappellent les auteurs du rapport Demeter sur l’alimentation mondiale, car depuis 2016, elles ont été bannies. L’essentiel du riz importé transite donc grâce à des réseaux passant par le Bénin.
Ces importations pourraient cependant connaître un rebond cette année. Le ministère américain de l’Agriculture, dont les données font référence, estime qu’elles pourraient augmenter de 500 000 tonnes. Malgré tous les efforts entrepris, le Nigeria n’a pas atteint son objectif d’autosuffisance en riz. Selon le rapport Demeter, les moyens mobilisés n’ont pas été à la hauteur des ambitions. Et ce sous-investissement dans l’agriculture maintient encore aujourd’hui le Nigeria – comme de nombreux pays du continent –, dans une très forte dépendance aux marchés mondiaux.
(Avec rfi.fr)