Quarante-huit heures, c’est le délai annoncé officiellement par le porte-parole de la junte malienne dans un communiqué à la télévision pour que Guillaume Ngefa-Atondoko Andali quitte le territoire. Motif invoqué : la partialité supposée du directeur division droits de l’homme de la Minusma. Les autorités de transition l’accusent d’avoir mis en avant Aminata Dicko comme représentante de la société civile au Conseil de sécurité il y a neuf jours. La vice-présidente de l’observatoire Kisal n’avait pas hésité à dénoncer la situation sécuritaire du pays et l’implication, selon elle, des nouveaux alliés russes de l’armée nationale dans de graves violations… ce qui avait rendu Bamako furieux.
L’ONU a dit à RFI « regretter la décision du gouvernement malien », tout en affirmant que la Minusma « continuera l’exécution de son mandat, y compris en ce qui concerne les droits de l’homme ». L’organisation nous a en outre confirmé que ce n’était pas le directeur de la division droits de l’homme qui a invité Aminata Dicko, comme le laisse entendre la junte, mais bien le Japon directement, qui présidait le Conseil en janvier. Quoi qu’il en soit, Guillaume Ngefa est dans le collimateur des autorités maliennes depuis longtemps. Il a failli se faire expulser il y a six mois déjà.
Le Congolais dirige la division droits de l’homme et protection de la Minusma depuis sa création en 2013. Cette division est chargée d’enquêter sur les crimes commis par tous les acteurs présents au Mali : elle avait d’ailleurs documenté les allégations d’exactions de Barkhane à Bounti en 2022. Et elle réclame en vain l’accès à des sites d’exactions supposés de l’armée, le dernier en date étant le village de Moura.
Avec rfi.fr