Rouler avec du pétrole russe aux États-Unis, en dépit des sanctions, c’est légalement possible si le brut est raffiné ailleurs qu’en Russie, en Italie par exemple. L’histoire avait été racontée au printemps par le Wall Street Journal. Dans le même esprit, la Corée du Sud a trouvé la parade pour importer, sans en avoir l’air, du naphta russe.
Le pays asiatique est le premier importateur au monde de naphta, une matière qui sert de base à la pétrochimie. L’année dernière, un quart des importations sud-coréennes de ce liquide venaient de Russie, soit près de 600 000 tonnes. Mais depuis la guerre, ces flux se sont taris et ont été remplacés par du naphta venant de Tunisie, pays qui n’en produit pas.
Exporter du naphta sans en produire
En octobre, la Tunisie a ainsi envoyé 82 000 tonnes de naphta en Corée du Sud et 274 000 tonnes devraient être expédiées en novembre, selon les données collectées par l’agence Reuters.
Si la Tunisie arrive à exporter autant, c’est évidemment qu’elle s’est mise à importer de gros volumes de naphta de Russie. Neuf cargos ont acheminé 410 000 tonnes entre août et novembre, du port de Novorossiysk au port de la Skhira.
Si des sources russes expliquent que la Tunisie est un lieu de stockage en attendant que les prix remontent, les données prouvent que le naphta est destiné à être réexporté vers la Corée du Sud en particulier. Un des transporteurs, Coral Energy, a d’ailleurs reconnu ne pas avoir de capacité de stockage sur le territoire tunisien.
L’Asie structurellement en manque de naphta
Cette nouvelle route permet à la Corée du Sud d’éviter de trop attirer l’attention sur ses approvisionnements russes tout en continuant de bénéficier d’un prix avantageux, car le naphta russe est, comme le pétrole russe, vendu moins cher. D’où l’appétence de l’Asie qui est structurellement à court de ce produit pétrolier qui sert à fabriquer de l’éthylène et propylène utilisés dans la fabrication des plastiques.
Avec rfi.fr