Les festivals de musique se comptent en centaine sur le continent africain. Malgré cette vitalité, ils sont confrontés à des difficultés croissantes de financement, surtout depuis la crise du Covid. Désaffection de certains partenaires institutionnels, frais de sécurité en hausse, ils doivent inventer de nouveaux modèles de financement.
« Nous sommes déjà en février, le festival a lieu en avril, et tout président du festival que je suis, je ne suis pas en mesure de vous dire « voilà, le budget est bouclé » ». Abdoulaye Diallo est le président de Jazz à Ouaga, un festival qui a fêté l’an dernier ses 30 années d’existence et qui rassemble dans la capitale burkinabè les amateurs de jazz venus de toute la région. Depuis quelques années, Jazz à Ouagasouffre de la situation que traverse le Burkina Faso. Les sponsors privés sont moins généreux et les frais sont en hausse.
« Le volet sécurité est devenu un élément très important dans notre budget, observe Abdoulaye Diallo. La sécurité coûte cher et comme le festival dure une semaine, le budget sécurité a beaucoup grimpé, alors que le chiffre d’affaires des sociétés est en baisse. Du coup, elles délocalisent à cause de la situation sécuritaire. Cela devient compliqué. Les dépenses augmentent, alors que les possibilités d’avoir des soutiens diminuent. »
En Casamance, le festival de musique urbaine de Bignona, le Fesmub, est lui aussi confronté à des difficultés de financement. Mais là-bas, c’est la réputation du rap qui fait fuir les institutionnels.
« Les institutions n’accompagnent pas comme elles pourraient le faire les activités culturelles, explique Momar Ndiaye qui dirige le Fesmub, dont la prochaine édition démarre ce vendredi. Chez nous, d’ailleurs, ils pensent que tout ce qui est hip hop, c’est une affaire de gamins ou de gens contre le pouvoir. Ils se disent : « Tu vas les accompagner, après c’est eux qui vont renverser ton pouvoir, etc. » On est confronté à ce genre de difficultés ».
Des financements privés
D’une façon générale, les institutions classiques de financement ne suivent pas la cadence des festivals, ce qui rend le sponsoring et le mécénat privé incontournables. La fondation Orange, financée par l’opérateur téléphonique français, lance depuis trois ans un appel à projet pour des festivals et des groupes musicaux.
« Il y a les grands festivals, très connus, avec des sponsors, des partenaires média, des banques, etc. qui leur sont très fidèles, et c’est formidable. Nous, la fondation Orange, on est là pour accompagner les jeunes festivals et ceux qui ont besoin de financements, d’être aidés pour pouvoir accueillir les artistes, et pour les former, explique son initiatrice,Marie-Sophie Calot. L’année dernière, on a soutenu une quinzaine de festivals, dans une douzaine de pays, avec des aides entre huit et quinze mille euros ».
L’appel à projet de la Fondation Orange est ouvert pour les groupes musicaux et les festivals, jusqu’au 20 février prochain.
(Avec rfi.fr)