Professeur Saïd Nourou Diop, diabétologue, endocrinologue, a plaidé, ce mercredi à Dakar, pour une reprise de m-Diabète, une composante du plan national de lutte contre le diabète du ministère de la Santé et de l’Action sociale, qui est à l’arrêt depuis deux ans, malgré des résultats encourageants obtenus.
« Nous nous sommes ligués avec l’Association sénégalaise de soutien aux diabétiques (ASSAD), les communicateurs, avec les journalistes, pour créer un programme extraordinaire qui ne coûte rien, sinon avoir un téléphone portable et recevoir chaque jour un message qui vous dit ce qu’il y a de mieux à faire », a rappelé le spécialiste ; soulignant que par ce canal de communication, le Sénégal a montré qu’il était possible d’améliorer le diabète.
Pr Saïd Nourou Diop était l’invité du 6ème numéro des « Mercredis de l’AJSPD », plateforme d’échanges entre experts et journalistes, dont le thème est : Diabète et Ramadan ».
m-Diabète a été lancé en 2014 au Sénégal, Partenaire du programme « Be He@lthy Be Mobile » avec l’Organisation mondiale de la santé OMS et l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour une utilisation du téléphone portable comme instrument de la lutte contre le diabète. Grâce à ce programme, de courts messages de prévention du diabète étaient envoyés à la population, en particulier aux diabétiques.
« Non seulement on parle là-dedans de nutrition, du diagnostic du diabète, sur quels critères on le diagnostic, de la surveillance du diabète, des médicaments anti-diabétiques, comment les prendre, mais surtout pendant le Ramadan, quinze jours avant, on dit aux diabétiques faites attention, dans telle situation, vous pouvez jeûner ou vous ne pouvez pas jeûner. Et chaque jour pendant le Ramadan, ils reçoivent un message leur disant comment ils doivent manger, comment ils doivent faire leur activité physique naturelle, comment ils doivent prendre leurs médicaments », a expliqué Pr Saïd Nourou Diop.
Il estime que c’était un programme « formidable ». Malheureusement, dira-t-il, « par laxisme au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, ce programme est à la traîne aujourd’hui. Cette année, ils m’ont demandé de leurs envoyer les messages. J’ai envoyé, mais rien n’est sorti », a-t-il fait savoir.
Le plus regrettable, selon lui, est que c’était un programme pour lequel tous les opérateurs de téléphonie mobile étaient d’accord pour continuer avec les acteurs de la lutte, en envoyant les messages de manière gratuite aux diabétiques.
Négligence à haut risque
A l’en croire, cela permettait aux diabétiques d’être à l’aise, de savoir ce qu’il faut faire. Malheureusement, a-t-il regretté encore, celui-ci n’a pas été évalué. « On a fait une évaluation qualitative pour diabète et Ramadan. Mais on n’a pas fait d’évaluation quantitative. L’évaluation qu’on a faite, c’était par rapport aux diabétiques simplement », a précisé Pr Saïd Nourou Diop, aujourd’hui à la retraite, après plus de 40 ans passés aux côtés des malades diabétiques.
Il a aussi précisé que ce programme n’était pas seulement pour le Ramadan car, ayant été programmé sur toute l’année, normalement. « Il y avait des niveaux où on parlait à la population uniquement. D’un niveau, on parlait aux personnels de santé. D’un autre niveau, on parlait au diabétique lui-même. Malheureusement, comme vous savez, quand les gens, quelquefois, se désintéressent d’une chose, on ne sait même pas pourquoi parce que nous, ça nous paraissait tellement utile qu’on s’est battus pendant des années pour que réellement le diabète baisse », a-t-il fait observer.
Il a souligné, dans la même foulée, que même après la fin de la période test, l’Union Internationale des télécommunications a accepté de continuer de superviser et de financer le m-Diabète. « Je ne sais pas maintenant à quel moment il y a eu la rupture. Les gens ont un peu négligé les choses au niveau du ministère de la Santé. Depuis deux ans, il n’y a plus ce programme-là », a fait remarquer Pr Diop.
En Afrique, le Sénégal a été le premier pays choisi pour dérouler ce programme ; la Tunisie l’ayant voulu sans y parvenir, a, pour sa part, relevé Baye Oumar Guèye, président de l’Association sénégalaise de soutien aux diabétiques (ASSAD), partenaire de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) dans l’organisation de ce numéro. « C’est une maladie pérenne, quand vous l’avez, vous l’avez toute la vie. C’est aussi une maladie qui coûte excessivement chère et qui peut entrainer des complications très sévères tout au long de la vie, c’est la raison pour laquelle il urge de mettre en place un mécanisme de prévention qui, s’il est bien établi, peut permettre au diabétique de se prévenir de complications imputables à la maladie », déclarait M. Guèye, dans une vidéo postée sur le site du programme m-Diabète au début de son lancement en juillet 2014.