L’éclampsie ou la pré-éclampsie (crises convulsives répétitives) ou encore l’hémorragie post-partum (saignement abondant) sont des complications, pouvant découler d’une grossesse mal suivie en structure de santé, que seules les consultations prénatales (CPN), désormais au nombre de huit, peuvent éviter. La mise en garde est du docteur Ndèye Awa Diagne, gynécologue-obstétricienne, cheffe de la cellule planification familiale à la Direction de la santé mère-enfant (DSME) du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Elle intervenait, ce mercredi à Thiès, lors d’un atelier de partage des plans stratégiques de la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, des adolescents et des jeunes et de la nutrition (SRMNIA-N) et des plans d’actions nationaux budgétisés de planification familiale (PANBPF) 2024-2028 et des enjeux de la SRMNIA à l’endroit des membres de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD).
Parer à l’accouchement prématuré, à la mort intra-utérine
A l’en croire, l’éclampsie ou la pré-éclampsie est causée par une tension artérielle très élevée, pouvant survenir à partir du quatrième mois de grossesse, se manifestant par des œdèmes (gonflement) des membres inférieurs, parfois du visage. Devant des cas d’éclampsies ou de pré-éclampsies, on peut retrouver des protéines dans les urines de la femme enceinte. « A partir de ces urines-là, on peut déjà poser le diagnostic de pré-éclampsie. Mais il y a, en plus, des crises, la femme présente des crises convulsives. Et ça se fait par épisodes. Un moment après, la crise se calme, la femme enceinte reprend sa conscience ; et quelques minutes ou quelques heures après, la crise reprend », a-t-elle expliqué.
Toutefois, Dr Ndèye Awa Diagne a souligné que si la femme enceinte fait régulièrement ses consultations prénatales, le prestataire peut détecter les premiers signes et commencer déjà à prendre en charge, avant que les complications ne surviennent. « Ces deux pathologies peuvent entraîner un accouchement prématuré, une mort intra-utérine, le bébé meurt dans le ventre de la mère, sans compter que la maman peut même perdre la vie. Donc ce sont des complications désastreuses pour ces pathologies-là », a-t-elle averti.
Elle a aussi précisé que l’éclampsie ou la pré-éclampsie peut même se manifester après l’accouchement, raison pour laquelle, dit-elle, « une surveillance de la femme doit se faire, et de façon bien planifiée, pour éviter toujours la survenue de ces complications liées à la grossesse ».
De plus, elle a relevé qu’une femme ayant présenté une hypertension artérielle, lors d’une grossesse antérieure, doit être surveillée. « Si cette femme-là est hyper-tendue chronique, c’est-à-dire même sans la grossesse, elle a une hypertension artérielle, il y a un risque de subvenir d’une ré-éclampsie qui peut se compliquer aussi. Donc ce sont des femmes qui sont à prendre en charge particulièrement. Aujourd’hui, on est allé à 8 CPN, c’est pour avoir un suivi rapproché et pouvoir anticiper davantage ces complications », a précisé Dr Diagne.
Dr Diagne pense que pour bien gérer les crises d’éclampsie ou de pré-éclampsie il faut veiller à la disponibilité du sulfate de magnésium qui est primordial. « Ce produit doit être disponible au niveau des structures de santé pour, quand on est devant ces cas de pré-éclampsie et d’éclampsie, qu’on puisse l’administrer à la femme, éviter la survenue des crises qui sont pour la plupart du temps fatales pour le bébé et parfois aussi pour la mère », a-t-elle fait observer ; affirmant que c’est la principale cause des décès maternels dans nos structures.
Parade contre une issue fatale pour le bébé et la mère
Autre complication possible de la grossesse mal suivie : l’hémorragie du post-partum qui est un saignement abondant survenant après l’accouchement de la femme, dans les 48 heures, et pouvant aller même jusqu’à 42 jours après l’accouchement. « Si la femme enceinte a accouché par voie basse, et qu’elle a saigné pour un volume de 500 millilitres de sang, on dit qu’il y a une hémorragie du post-partum. Si elle a subi une césarienne, c’est quand elle a saigné pour un litre, là on dit qu’il y a une hémorragie du post-partum », a expliqué Dr Ndèye Awa Diagne ; insistant sur le fait que « cette hémorragie du post-partum, encore une fois, peut être anticipée par les consultations préalables ». Selon elle, pour toutes ces pathologies liées à la grossesse, il y a des signes annonciateurs ; lesquels sont découverts au cours du suivi régulier de la grossesse, et qui permettent d’anticiper ces complications-là.
2 heures chrono pour sauver une vie
En sus de ces trois complications de la grossesse qu’il n’est possible d’éviter à la femme enceinte qu’à travers les consultations prénatales (CPN), Dr Diagne a souligné qu’une femme anémiée peut faire un saignement ; d’où, pour elle, tout l’intérêt de prendre régulièrement le fer, c’est-à-dire la supplémentation en fer, et ainsi éviter l’anémie. « Une femme qui est anémiée, qui accouche, normalement après l’accouchement, dès que le bébé sort, l’utérus doit se retraiter aussitôt. Mais l’utérus a besoin de sang, assez de sang pour se rétracter. Si l’utérus n’a pas assez de sang pour se rétracter, il ne se rétracte pas », a-t-elle prévenu.
Et de poursuivre : « tout le sang de l’organisme va affluer vers l’utérus pour sortir comme un robinet ouvert. Imaginez cette femme-là qui a ce saignement et qu’on doit évacuer pour la prise en charge. Tu as maximum 2 heures de temps pour la prendre en charge, sinon tu la perds », a-t-elle dit ; soulignant que « la plupart du temps, la prise en charge, c’est la transfusion sanguine ».